Les évolutions de l’enseignement général et professionnel au Maroc reflètent la volonté générale de mieux répondre aux besoins du marché du travail en alliant initiatives du public et du privé.
PSA Peugeot Citroën (PSA) s’est associé en début d’année à des établissements d’enseignement supérieur pour la création de plusieurs laboratoires d’innovation, appelés OpenLabs.
En vertu de l’accord signé, le fabricant automobile français travaille en partenariat avec cinq universités marocaines, une école d’ingénieurs, deux universités américaines implantées au Maroc et un centre de transfert de technologies à l’Université internationale de Rabat, un établissement semi-public.
Les OpenLabs font partie du réseau international StelLab (Science Technologies Exploratory Lean Laboratory) qui rassemble chaires universitaires et laboratoires de recherche. Lancé par PSA en 2010, il vise au développement d’une collaboration plus innovante avec la communauté universitaire mondiale.
Le lancement du nouvel OpenLab au Maroc, appelé Mobilité durable pour l’Afrique, marque le début d’un programme de recherche sur quatre ans ciblant la conception de systèmes de mobilité pour le marché africain. Les énergies renouvelables, les véhicules électriques ainsi que la logistique en constitueront les axes principaux.
En s’appuyant sur l’expérience professionnelle et scientifique de PSA ainsi que sur l’expertise des établissements d’enseignement qui y participent, cette initiative cherchera également à renforcer les compétences de la main d’œuvre pour mieux répondre aux besoins de l’industrie automobile.
Ce secteur, en plein essor au Maroc, a affiché des exportations record pour la troisième année consécutive en 2016, avec 316 712 véhicules expédiés à l’étranger, soit une hausse de 22,4% en glissement annuel.
L’accord signé par PSA est également représentatif de la nouvelle tendance aux partenariats publics-privés (PPP) dans le secteur de l’éducation au Maroc. Le nombre d’établissements d’enseignement supérieur ayant adopté un modèle PPP est passé de 16 sur 199 pour l’année universitaire 2014-2015 à 23 sur 204 en 2015-2016 selon les chiffres du gouvernement.
Renforcement du capital humain
Cette participation accrue du secteur privé pourrait encourager les initiatives marocaines visant à mettre en adéquation compétences de la main d’œuvre et besoins du marché du travail. Evolution essentielle s’il en est, puisque le Maroc se classait à la 98ème position sur 130 pays dans l’indice du capital humain publié l’année dernière par le Forum économique mondial, et perdait ainsi trois places.
On relèvera en outre l’initiative récente lancée par l’Agence américaine pour le développement international (USAID) au début du mois dernier. Six centres de formation professionnelle ont ainsi ouvert leurs portes au Maroc, et un deuxième à Tanger.
USAID s’est associé aux autorités marocaines pour la création de « Career Centers ». Ces centres d’orientation professionnelle offrent tout un ensemble de services destinés aux jeunes, notamment des ateliers de développement des compétences interpersonnelles et de préparation à l’emploi.
Ce programme ambitionne d’améliorer l’employabilité de 100 000 étudiants d’ici 2020. La plateforme en ligne d’orientation professionnelle lancée en mai de l’année dernière permet de compléter les actions en ce sens.
Depuis sa création, cette plateforme a enregistré plus de 100 000 visites, et 4 300 inscrits ont pu bénéficier de ses services d’aide à la recherche d’emploi.
Début 2017, l’Office de Formation Professionnelle et de Promotion du Travail (OFPPT) et le Conseil de Souss-Massa ont signé un accord en vue de la création de six centres de formation et d’un centre d’affaires pour un coût de 330 millions de dirhams (30,67 millions d’euros) dans la région de Souss-Massa. Il vise principalement à promouvoir l’entreprenariat et la diversité de l’offre de formation professionnelle.
De plus, l’OFPPT a signé un accord avec l’Université publique d’Ibn Zohr d’Agadir dans la région de Souss-Massa en vue de l’élaboration d’une série de programmes de formation en soutien à l’entreprenariat.
Ces deux accords cherchent à promouvoir une culture de l’innovation, une nécessité soulignée par le « Global Entrepreneurship Monitor Global Report 2016/17 », qui avait classé le Maroc à la 59ème place sur 65 pays sur le plan des activités entrepreneuriales en phase de démarrage.
Les universités privées œuvrent également à la réduction du déficit de compétences sur le marché du travail.
En octobre dernier, Dauphine Casablanca (qui est une branche de l’Université de Paris-Dauphine) a accueilli ses premiers étudiants au sein de sept nouveaux masters professionnels. Ils ont été élaborés de façon à répondre aux besoins des employeurs marocains et proposent notamment des cours sur l’immobilier, la santé, la gestion de patrimoine, l’ingénierie financière, le droit financier, la finance islamique, l’audit et le conseil auprès des entreprises.
Une stratégie à long terme
Les initiatives axées sur l’amélioration de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés s’inscrivent dans le cadre de la Vision stratégique 2015-2030. Annoncée en mai 2015, cette feuille de route se concentre sur les trois grands axes de la réforme de l’éducation : équité et égalité des chances, éducation de qualité pour tous, et progrès social et individuel.
L’engagement du Maroc en faveur de l’éducation se reflète dans le plan des dépenses 2017 du ministère des Finances puisque 44,64 milliards de dirhams, soit 17,7 % du budget total, y seront ainsi consacrés. Si cette enveloppe représente un niveau relativement élevé de dépenses publiques, elle est en baisse de 2,42 % comparé à l’année dernière.