Le Maroc renforce les mesures protectionnistes pour protéger les sidérurgistes nationaux contre la hausse des importations de fer à béton, dont les prix à l’international ont fondu de moitié en une année.
Un communiqué du ministère du commerce rendu public à la fin 2015 avait annoncé la prorogation pour trois ans de la protection commerciale dont bénéficie la Sonasid, leader sur le marché local, pour les ronds à béton et le fil machine. C’est le 28 décembre dernier que le ministère marocain de l’Industrie et du Commerce avait décidé de proroger pour les trois prochaines années la mesure de protection dont bénéficie la Sonasid, premier sidérurgiste du pays devant Maghrebsteel, et filiale à 32,4% du groupe Arcelor Mittal. » Malgré des baisses constatées en 2014 et au premier semestre 2015, le niveau des importations de fil machine et fer à béton reste important par rapport à la situation normale de 2011. Le risque d’augmentation des importations est réel et imminent en raison notamment de la surcapacité des producteurs européens et chinois », avait indiqué une enquête du ministère. Dés lors, les importateurs de fer à béton et de fil machine ont jusqu’au 15 janvier 2016 pour demander une quote- part dans les importations contingentées. Le climat du marché mondial de l’acier s’est détérioré au cours des six deniers mois. En juin dernier, la Sonasid, filiale de la Société Nationale d’Investissements (SNI), qui a fusionné avec l’ONA, une holding de la famille royale, avait émis un warning sur la perturbation des prix à l’international de l’acier.
Protectionnisme
Le prix du minerai de fer a connu une baisse historique (de 130 dollars/t en janvier 2014 à 50 dollars/t en janvier 2015) alors que la ferraille n’a connu une baisse que très relative, cela engendrant une très forte pression sur les prix de la part des opérateurs produisant à base de minerai de fer. » Une situation qui a obligé la Sonasid à produire les fers à béton sur la base de ferraille importée. Les mesures protectionnistes décidées par l’état marocain au profit de la Sonasid face à la concurrence internationale et la »fonte » des prix mondiaux de l’acier, portent sur le paiement, au-delà de 121.000 tonnes de fil machine importées en un an et de 72.600 tonnes de fer à béton, par les importateurs d’un droit de douane additionnel spécifique de 0,55dh/kg à l’Etat, soit environ 50 euros par tonne. Quant au contingent, il augmentera de 10% par an jusqu’à la libéralisation du marché fin 2018, avait indiqué le ministère, qui prolonge ainsi une protection entamée 2013, mais en la réduisant, en apparence seulement. Car les contingents, libres de droit de douane additionnels, sont passés de seulement 10.500 tonnes pour les ronds à béton en 2013 à 72.600 tonnes en 2016. Et, pour compenser la liberté ainsi offerte aux importateurs, le Maroc a intégré la Turquie et l’Egypte dans la liste des pays concernés par les contingents. La Sonasid, cotée à la bourse de Casablanca, est détenu depuis 2006 à 64,86% par une société commune à 50/50 entre ArcelorMittal et un groupe d’investisseurs dominé par la SNI, une holding de la famille royale du Maroc. En 2014, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dirhams, en baisse de 9%, soit 390 millions d’euros, avec un bénéfice net de 127 millions de dirhams (+47%).
Maghreb Steel échappe au dépôt de bilan
L’autre grand producteur d’acier Maghreb Steel, spécialiste de la production de tôles laminées à froid du Maroc, avait bénéficié en mai dernier d’un renouvellement de sa propre protection commerciale pour les trois prochaines années. Mais, en proie depuis 2012 à de graves difficultés financières, sur fond de baisse des prix sur le marché international, Maghrebstell était pratiquement en situation de dépôt de bilan. Il avait été victime de ses surinvestissements passés (500 millions de Dh d’investissements) et une plongée des prix de l’acier. Mais, il a été sauvé par le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) qui l’a autorisé à lancer un emprunt obligataire de 895 millions de dirhams (82 millions d’euros) pour notamment payer ses dettes et entamer une restructuration financière. L’emprunt obligataire sera souscrit par ses créanciers dans le cadre d’un accord global de restructuration financière, y compris les billets de trésorerie. Une opération majeure, car ce dossier porte un risque très élevé pour une vingtaine d’établissements financiers marocains. Il s’agit d’Attijariwafa Bank, BCP, BMCE, BMCI, Crédit du Maroc et Société Générale Maroc en qualité de prêteurs, et la Caisse des Dépôts de Gestion, BMCE, CDG Capital, AD Capital, AD Real Estate, IRGAM, Marogest, Valoris Management, Red Med Asset Management, CDG Capital Gestion, BMCI Asset Management, SICAV CDG Prévoyance et SICAV CDG Trésorerie en qualité de détenteurs de billets de trésorerie.