La zone euro fournit actuellement quelque 80% de l’ensemble des visiteurs du royaume, et trois des principaux marchés émetteurs du Maroc ont évolué à la baisse l’an dernier : la France (-5%), l’Italie (-5%) et la Belgique (-2%).
Le Maroc se tourne vers de nouveaux marchés comme la Russie et la Chine en vue de soutenir l’important secteur touristique du pays, suite à une baisse du nombre de visiteurs en provenance des marchés émetteurs traditionnels.
La diversification jouera un rôle crucial dans la réalisation des objectifs de la stratégie de développement touristique du Maroc, Vision 2020, qui se fixe le but ambitieux d’attirer 20 millions de visiteurs par an et de faire passer les recettes touristiques annuelles à 140 milliards de dirhams (12,8 milliards d’euros) d’ici la fin de la décennie.
L’an dernier, les recettes touristiques ont accusé une baisse d’1,4% en glissement annuel pour atteindre 58,6 milliards de dirhams (5,4 milliards d’euros), et le pays a accueilli à peine plus de 10 millions de visiteurs, des chiffres qui montrent l’ampleur de la tâche qui attend le royaume chérifien.
Rapprochement avec la Russie
Les touristes russes n’ont dépensé que 28 millions de dirhams (2,6 millions d’euros) au Maroc l’an dernier, mais le Ministère du Tourisme considère de plus en plus la Russie comme un marché prioritaire.
En 2015, le Maroc a dénombré environ 40 000 visiteurs en provenance de Russie, un chiffre bien inférieur aux 3,3 millions de visiteurs français, aux 2,1 millions d’Espagnols et aux 615 000 Allemands, mais l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) compte faire passer ce chiffre à 800 000 d’ici 2020.
Afin de soutenir les efforts déployés par le Ministère du Tourisme, la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, qui avait lancé des vols directs entre Moscou et Casablanca en 2011, a inauguré une liaison entre la capitale russe et la station balnéaire du sud du pays Agadir au deuxième trimestre de cette année. Selon des communiqués publiés par l’ONMT, la compagnie a également engagé des pourparlers en vue de l’établissement de liaisons directes entre la deuxième ville de Russie, Saint Pétersbourg, et Agadir et Marrakech.
L’Etat marocain a également lancé une offensive promotionnelle. Au printemps dernier, les autorités touristiques marocaines ont invité 30 médias et 400 agences de voyage russes à Agadir, Marrakech et Casablanca afin de promouvoir l’offre touristique du royaume et d’en accroître la visibilité.
La stratégie – qui intervient dans un contexte de baisse du nombre de visiteurs russes dans les destinations méditerranéennes concurrentes, dont l’Egypte et la Turquie- semble porter ses fruits.
Si Agadir a enregistré entre janvier et juillet un nombre total d’arrivées touristiques en baisse de 3% en glissement annuel, par exemple, atteignant le chiffre de 473 000 – conséquence d’une diminution du nombre de touristes en provenance de France, d’Angleterre et de Belgique –, elle a vu son nombre de touristes russes multiplié par 4, accueillant 5200 visiteurs russes pour le seul mois de juillet.
Cap à l’est
Les autorités touristiques marocaines cherchent également à attirer des visiteurs supplémentaires en provenance de Chine, le marché émetteur qui affiche la plus grande croissance mondiale, avec selon les projections de l’institut de recherche China Tourism Academy, pas moins de 133 millions de visiteurs sortants en 2016.
Plus de 10 500 touristes chinois se sont rendus au Maroc l’an dernier, soit une hausse de 12% en glissement annuel, une croissance qui devra cependant s’accélérer si le pays veut atteindre son objectif d’accueillir 100 000 visiteurs chinois d’ici 2018.
Les autorités touristiques ont lancé une série d’initiatives destinées à développer le marché chinois, notamment la suppression du visa pour les ressortissants chinois. Le Ministère du Tourisme a également conçu du matériel promotionnel en mandarin, renforcé sa participation sur les salons touristiques chinois et élaboré des formations de mandarin pour les guides touristiques.
Renverser la tendance
Si le Maroc conserve la première place au classement des destinations africaines pour les touristes étrangers – devant l’Egypte, qui a accueilli 9,6 millions de visiteurs en 2014 et l’Afrique du Sud, qui en a accueilli 9,4 millions – le secteur touristique du pays a subi un ralentissement, affichant au premier semestre de cette année un nombre d’arrivées internationales en baisse de 5,6% en glissement annuel.
Le pays accusait déjà une baisse des arrivées de 1% en glissement annuel l’an dernier, ces dernières passant de 10,3 millions en 2014 à 10,2 millions, conséquence notamment d’une croissance toujours en berne en Europe.
La zone euro fournit en effet 82% de l’ensemble des visiteurs du royaume d’Afrique du Nord, et trois des principaux marchés émetteurs du Maroc ont évolué à la baisse l’an dernier : la France (-5%), l’Italie (-5%) et la Belgique (-2%).