Le Maroc continue de trainer une mauvaise réputation, celle d’être le plus grand producteur de cannabis au monde. Le rapport 2014 de l’office des Nations unies contre le crime et la drogue (ONUDC) souligne que le pays continue d’être le principal producteur mondial de haschich (résine de cannabis).
Le rapport a été présenté jeudi par le directeur général de l’ONUDC, le russe Youri Fedorov devant la Commission des stupéfiants de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic et l’abus de drogues. En 2013, les producteurs marocains de cannabis ont atteint le volume de 38.000 tonnes et 760 tonnes de cannabis transformé en résine (kif).
Officiellement, la production marocaine de cannabis s’étale sur un peu plus de 47.000 hectares, principalement dans les montagnes du Rif. Les données communiquées par l’ONUDC proviennent des statistiques marocaines, car depuis 2005, les experts de l’Office ont été interdits d’enquêter sur place sur cette culture ‘’officieusement’’ prohibée par l’état marocain. En 2005, l’ONUDC, lors d’une conférence de presse tenue à Rabat au siège de l’association marocaine des journalistes, avait évalué cette superficie à plus de 72.000 hectares.
Ce qui avait à l’époque irrité les autorités marocaines, car 80% de cette production alimente les marchés européens, dont la France et l’Espagne. Mais, plus concrètement, la superficie totale cultivée pour le cannabis au Maroc serait de 142.000 hectares, selon la presse marocaine qui évalue le chiffre d’affaires annuel des réseaux de trafiquants de drogue à plus de 12 milliards de dollars contre quelque 600 millions de dollars qu’empocheraient les agriculteurs.
Faut-il légaliser la culture du cannabis ?
Au Maroc, des initiatives sont entreprises pour légaliser la culture du cannabis, et aider les producteurs à s’organiser autour d’une filière qui fait vivre au moins un million de marocains. C’est le parti de l’Authenticité et de la modernité (PAM), dont le fondateur est proche du Roi, qui en est à l’origine, après la rencontre qu’il avait organisé au mois d’avril dernier à Bab Brerred, dans les montagnes de l’Atlas, au Rif. Là où est cultivé à grande échelle le cannabis, ou chanvre indien.
Cette rencontre a été organisée par le PAM, selon son porte-parole, et a regroupé entre 1.500 à 2.000 agriculteurs spécialisés dans la culture du cannabis. Objectif de cette bien singulière rencontre co-organisée également par l’Istiqlal, un des plus vieux partis marocains : porter le dossier de la culture du cannabis devant le parlement pour ensuite entamer un débat de fond sur les suites à donner à cette culture interdite. Il s’agit surtout de trouver des solutions pour les quelques 48.000 agriculteurs versés dans la culture du cannabis, vivant dans la plus grande clandestinité et dans la précarité dans les montagnes du Rif, entre Nador, Koutama et El Hoceima.