Selon Saïd Moulina, le patron de cette agence, les pays du Sud gagneraient à opter pour le modèle de partenariat public/privé-étranger, notamment sur le volet de transfert de technologie dans un cadre d’une coopération Nord-Sud. Ce modèle, assure-t-il, a fait ses preuves au Maroc.
A quelques semaines de l’ouverture, à Marrakech, de la 22e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Saïd Mouline, président de l’Agence marocaine de maîtrise de l’énergie (AMEE) a souligné, dans un entretien accordé à L’Usine Nouvelle, les principales avancées après l’Accord de Paris (COP21).
Saïd Mouline s’est également étendu, dans cet entretien, sur les défis à relever pour la transition énergétique. Le financement demeure l’un de ces défis. Une question vitale pour l’aboutissement de plusieurs chantiers technologique dont « l’adaptation » à un nouveau modèle énergétique.
Saïd Mouline estime que le franchissement des seuils de ratification de l’Accord de Paris en moins d’un an, est un exploit historique. « Chacun s’est mobilisé, le Maroc, nos partenaires africains, la France, la Chine, les États-Unis et maintenant l’UE », souligne ce responsable, qui espère faire de la COP22 de Marrakech « une mise en œuvre de l’accord de Paris ».
Une mise en œuvre qui se ferait à travers le partenariat public/privé-étranger pour les pays du Sud. Ces derniers gagneraient à adopter ce modèle de partenariat, notamment sur le volet de transfert de technologie dans un cadre d’une coopération Nord-Sud. « Beaucoup de pays du Sud rechignent encore à l’intervention du secteur privé dans l’énergie », déplore-t-il, soulignant qu’« au Maroc, nos grands projets en énergies renouvelables sont tous conduits en partenariat public privé et cela fonctionne ».
L’adaptation, un chantier technologique qu’on évite d’évoquer
Amené à répondre à une question sur le thème de l’adaptation, Saïd Mouline a préféré argumenter sur l’aspect institutionnel. Affirmant toutefois que les enjeux en matière d’« adaptation » sont multiples, il exhorte les décideurs à « donner des moyens, notamment pour la thématique de la gouvernance et des institutions ». « Cela peut paraître abstrait mais c’est essentiel », explique-t-il.
Un spécialiste en énergétique, qui a requis l’anonymat a estimé, dans une déclaration à Maghreb Emergent, que « les déclarations de bonnes intentions éclipsent les véritables défis de la transition énergétique ». « L’adaptation se définit, en somme, par un ensemble de changements touchant le modèle énergétique conventionnel », explique-t-il : « Passer de l’énergie conventionnelle (carbonée) aux ‘’énergies vertes‘’ nécessite concrètement des solutions technologiques gigantesques, partant de la production, en l’occurrence de l’électricité, jusqu’à l’adaptation des simples équipements domestiques tels que, le téléviseur, le réfrigérateur ou encore le climatiseur, car l’énergie fournie sera en courant-continu. »
« Cette dernière, n’oublions pas, ajoute ce spécialiste, industriel de son état, doit être transportée jusqu’aux consommateurs. Or, le transport de l’énergie solaire devra passer par une phase de transformation, qui, elle-même, consomme beaucoup d’énergie. L’électricité est transportée en haute tension et arrive ensuite chez le consommateur final en courant alternatif. De ce fait, envisager une transformation de l’énergie solaire en courant haute tension s’apparente à une gageure technico-économique ».
L’énergie solaire devra, en outre, être stockée : « Sur le plan technologique (batteries à haut rendement) et en termes de financement (retour sur investissement aléatoire), le stockage est à lui seul un chantier de taille », selon ce spécialiste. S’appuyant sur une expertise faite par la Banque mondiale, il soutient qu’ « il est trois fois moins couteux d’économiser 1Kw/h d’électricité en améliorant le rendement du réseau de distribution que d’investir dans un nouveau moyen de production ».0