Les cours du pétrole ont continué à baisser jeudi, restant au plus bas depuis trois mois en raison des inquiétudes persistantes face au niveau élevé de l’offre mondiale, même si certains observateurs espéraient une stabilisation prochaine.
Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en septembre a perdu 78 cents à 41,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange, enregistrant sa sixième séance consécutive de baisse et terminant au plus bas depuis avril.
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, a baissé de 77 cents à 42,70 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE), soit aussi son plus bas niveau depuis avril.
« On dirait que s’évaporent les attentes d’un rééquilibrage de l’offre et de la demande », a reconnu Gene McGillian, de Tradition Energy. « L’attention des investisseurs se concentre sur le niveau élevé des réserves de pétrole comme de carburant à travers le monde. »
C’est notamment aux Etats-Unis que la situation préoccupe les marchés, car les réserves d’essence ne cessent d’augmenter depuis plusieurs semaines, alors qu’elles baissent normalement en période estivale. Les stocks de brut y ont aussi rebondi par surprise, selon des chiffres publiés mercredi par le département de l’Energie (DoE).
Dans ce contexte, les investisseurs « se préparent déjà à une baisse de la demande à la fin de l’été », a rapporté M. McGillian.
Le repli des cours dure désormais depuis assez longtemps pour témoigner d’un véritable accès de pessimisme, qui, selon certains, porte en lui un aspect autoréalisateur. Il avait commencé en juillet, alors que les prix avaient auparavant réussi à quasiment doubler de valeur pendant le printemps en raison de divers problèmes de production dans le monde.
« Le sentiment pessimiste est alimenté par l’idée que les cours auront bientôt perdu plus de 20% par rapport à leurs pics de juin », a ainsi écrit Tim Evans, de Citi.
Attention à l’Iran
Plutôt que les inquiétudes sur les réserves américaines, il préférait insister sur « la hausse de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui prolonge la période de surabondance ».
L’Arabie saoudite, membre dominant du cartel, avait certes évoqué en début d’année l’idée d’un gel de l’offre, mais cette idée semble enterrée, notamment après l’échec d’un sommet en avril, auquel avait aussi participé la Russie.
Au sujet de l’Opep, la déprime du marché a pu être alimentée jeudi par « quelques bribes d’informations sur l’Iran », membre du cartel, selon les termes de Matt Smith, de ClipperData.
Il faisait notamment référence à des estimations publiées par l’agence Bloomberg, selon lesquelles l’Iran, qui a fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions liées à son programme nucléaire, avait drastiquement accéléré ses exportations vers l’Asie lors du premier semestre, en premier lieu l’Inde.
« Ceci dit, depuis quelques mois, on assiste aussi à une accélération vers l’Europe », a rapporté M. Smith, évoquant « une hausse des exportations vers les Pays-Bas, la France et la Grèce ».
Malgré ces éléments décourageants, les cours restent pour l’heure bien au-dessus de leur niveau de février, quant ils avaient chuté au plus bas depuis 2003 à guère plus de 25 dollars le baril à New York.
« Cette correction se rapproche de niveau où l’on va commencer à trouver un plancher », a assuré M. McGillian. « On a peut-être vu disparaître certains facteurs qui avaient conduit les cours à plus de 50 dollars, mais les principaux sont toujours là. »
« La production américaine reste inférieure d’un million de barils par jour (bj) à son pic d’il y a un an », a-t-il précisé. « Et, même si la demande mondiale de pétrole reste un peu incertaine, on s’attend plutôt à ce que la croissance économique se maintienne. Je pense que cela soutiendra le marché lors des prochaines semaines. »