Les cours du pétrole ont bondi jeudi après l’annonce d’une chute massive des réserves américaines de brut, même si certains observateurs relativisaient ce chiffre en l’expliquant par des circonstances exceptionnelles.
Le cours du baril de « light sweet crude », référence américaine du brut, a pris 2,12 dollars à 47,62 dollars sur le contrat pour livraison en octobre au New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre, a avancé de 2,01 dollars à 49,99 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE).
« On a pris connaissance d’une grosse chute des stocks de pétrole brut » aux Etats-Unis, a mis en avant James Williams, de WTRG Economics.
Déjà dans le vert en début de séance, les cours du pétrole ont brusquement accéléré après l’annonce par le département de l’Energie (DoE) d’une baisse hebdomadaire de 14,5 millions de barils des réserves américaines de brut, un chiffre impressionnant puisque les stocks fluctuent rarement de plus de quelques millions de barils d’une semaine à l’autre.
« Personne n’a vu venir » ces chiffres, a reconnu Fawad Razaqzada, de Forex.com, rapportant qu’ils avaient « surpris même les plus optimistes des pronostics ».
Les réserves de brut n’avaient pas connu une telle baisse depuis 1999, ce qui apporte un soulagement à des investisseurs inquiets du haut niveau de l’offre mondiale, même si certains analystes craignent qu’il soit de courte durée.
Production en baisse
Si les stocks ont autant baissé, « c’est presque uniquement parce que les importations ont été retardées par la tempête de la semaine dernière », a remarqué M. Williams.
La tempête Hermine, qui s’est étiolée cette semaine, a passé le début du mois à remonter la côte Est des Etats-Unis, par laquelle arrivent de nombreuses cargaisons d’or noir.
« La semaine prochaine on risque d’assister à une hausse d’une dizaine de million de barils » des réserves de brut, « car tous les navires vont se décharger après avoir ralenti pour éviter la tempête. Donc, le marché monte cette semaine… Mais il baissera la semaine prochaine ! »
Les investisseurs ont tout de même pu digérer d’autres éléments engageants dans les chiffres du DoE, dont une baisse marquée des réserves d’essence ainsi qu’un nouveau déclin de la production, même si celui-ci est uniquement dû à une chute dans l’Etat de l’Alaska.
« Il ne s’agit que de données d’une semaine », mais « les investisseurs semblent acheter du pétrole et poseront des questions plus tard », a conclu M. Razaqzada sur le sujet.
En tout état de cause, ces chiffres ont permis de distraire provisoirement un marché pétrolier obnubilé par la perspective d’une réunion exceptionnelle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à la fin du mois.
Depuis la fin août, les cours évoluent largement en fonction des déclarations de membres du cartel et de la Russie, producteur extérieur à l’Opep mais apparemment impliqué dans des négociations, selon qu’elles laissent ou non espérer un accord de stabilisation de la production.
« A moyen terme, les chances fluctuantes d’un accord de gel de l’offre vont rester au centre de l’attention sur le marché pétrolier mondial », a prévenu dans une note Tim Evans, de Citi.