Le Front des forces socialistes (FFS) est disposé à négocier avec le pouvoir, avec la participation de toute la classe politique et de la société civile, pour amorcer une transition démocratique et pacifique en Algérie, a déclaré ce mardi Ahmed Betatache, premier secrétaire du parti.
Pour l’invité du « Direct » de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, la classe politique et la société civile doivent travailler ensemble pour constituer une force capable d’ amener le pouvoir à négocier une période de transition, qui se traduira par la formation d’un gouvernement de consensus, ou de technocrates où toutes les sensibilités peuvent s’exprimer.
Selon Betatache, aucun parti politique n’est capable d’amorcer seul un mouvement de transition politique en Algérie. Le premier responsable du Parti se réjouit qu’une convergence sur le terrain politique vers l’instauration d’une période de transition.
«Le changement est un processus qui doit être amorcé maintenant et ne doit attendre aucune échéance », a-t-il dit, rappelant que c’est le sens de l’appel au consensus national lancé par le FFS depuis son 5e congrès. La ligne politique du parti, a-t-il encore rappelé, s’inscrit dans le changement « pacifique » du système et la «réédification» du consensus national de novembre 1954 entériné au Congrès de la Soummam d’août 1956, « mais rompu depuis 1962 ». Selon lui, cette démarche pacifique vise à se prémunir des dangers qui guettent l’Algérie dans un contexte d’insécurité à ses frontières, n’excluant pas que le pays fasse partie « d’un agenda international ». « Notre initiative n’est pas destinée à sauver le régime mais à sauver l’Etat algérien et ses institutions », a-t-il insisté.
Système « unique et uni »
Pour Ahmed Bettatache, l’échéance du 17 avril 2014, date du scrutin pour l’élection présidentielle, n’est pas une étape pour le changement mais « une étape du processus de la pérennisation » du système en place. Selon lui, le FFS n’a décelé aucune volonté politique pour le changement à cette échéance « sinon nous aurions pu participer à ce scrutin ». Et si le FFS a tardé à se positionner sur les présidentielles ce n’est pas pour des raisons tactiques puisque cette question n’a même pas été une option dans l’agenda des instances du parti, a-t-il expliqué. Pour le FFS, participer un à scrutin consodéré par le pouvoir comme « la base d’une expression démocratique » est un non-sens en l’absence de démocratie dans le pays.
Le retour, de Ahmed Ouyahia nommé chef de cabinet du président et Abdelaziz Belkhadem comme conseiller spécial, au-devant de la scène politique, est pour M. Bettatache, une énième redistribution des rôles pour les « pions du régime». Il ne s’agit nullement, selon lui, que d’un compromis entre les « clans» présumés du pouvoir, bien qu’il reconnait l’existence d’une crise au sommet, «mais pas avec l’ampleur présentée à l’opinion publique ». « Le système est unique et uni. », a-t-il dit. Selon lui, le déballage de Amar Saadani et le tapage médiatique qui l’a suivi est « une manœuvre pour éluder les vraies question et le vrai débat sur l’avenir de l’Algérie ». Pour amorcer le changement, il faut déjà sortir de ce débat « imposé » par le système sur les personnes et parties au pouvoir, a-t-il insisté.
Reconstruire la classe politique
Ahmed Betatache a démenti une quelconque négociation avec le pouvoir qui, selon lui, refuse tout dialogue avec la classe politique. « Le régime a cassé la classe politique, les syndicats, les médias, la société civile. L’urgence aujourd’hui est de reconstruire la classe politique à travers le consensus pour créer une force capable de faire le poids face au pouvoir, » a-t-il dit. Ce consensus, selon le FFS, passe par « un débat sur une période de transition » qui regroupera aussi bien la classe politique que le pouvoir « qui doit faire partie de cette transition». « Il ne faut pas faire les choses dans la précipitation, car toute tentative contre le pouvoir et pour son exclusion serait dangereuse, » a-t-il dit.