La crise financière de la Samir, l’unique raffinerie du Maroc, qui traîne une lourde ardoise, semble aller vers un arbitrage international. L’actionnaire majoritaire de la raffinerie, le saoudien Mohamed Hussein Al Amoudi, exige l’abandon par l’Etat marocain d’une partie de ses dettes.
Après deux conseils d’administration en septembre dernier consacrés au renflouement de la Samir, la situation est brusquement retourné à la case de départ. Selon la presse marocaine spécialisée, »l’actionnaire majoritaire, Mohamed Hussein Al-Amoudi, refuse non seulement d’honorer ses engagements mais exige l’abandon d’une partie de ses dettes et le rééchelonnement du reste ». Le quotidien l’Economiste indique qu »il a introduit un recours auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements de la Banque mondiale (Cirdi) ». C’est là une astuce »qui permettrait au milliardaire saoudien de suspendre toutes les procédures du recouvrement », explique un expert cité par l’économiste. L’argument de Hussein Al Amoudi repose sur le fait que »l’Etat marocain a changé les règles du marché » » en recourant durant l’été dernier, en pleine crise de la Samir, à l’ouverture des importations accordée aux distributeurs de produits pétroliers. La crise de la Samir est apparue à l’été dernier, lorsqu’elle n’a pu alimenter une grande partie du marché local des carburants, emportée par une tourmente financière.
Soucis financiers
Le raffineur cumule d’importantes dettes auprès de ses fournisseurs, des banques et de l’administration fiscale et sociale. Les seules dettes auprès de l’Etat représentent au moins 13 milliards de dirhams. Depuis, la fourniture du marché des carburants au Maroc est assurée pour l’essentiel par les importations des principaux distributeurs du pays comme Afriquia, OilLybia, Total Maroc ou Winxo. Les soucis financiers de l’unique raffinerie du Maroc sont à chercher du côté d’un bilan 2014 catastrophique, pour la seconde année consécutive, et ce, dans le sillage de la baisse des cours mondiaux du pétrole. Pour 2014, son résultat net est négatif à -3,42 millions de dirhams contre 320 MDH en 2013. Le résultat financier pour 2014 est resté, quant à lui, stable à – 400 MDH. Par ailleurs, le chiffre d’affaires a enregistré une baisse de 10% et s’est établi à 44,04 MMDH, sur fond de repli de 12% des exportations.
Volte face
La Samir, cotée à la Bourse de Casablanca, affichait fin 2014 une capitalisation de 3,35 milliards de dirhams (MMDH). Fin 2014, le cours de son action a chuté de 10% à 281,75 dirhams par action, et ce trou d’air s’est poursuivi en 2015: l’action de la société s’est dépréciée à la fin mai dernier à la bourse de Casablanca de 2,47% à 176DH. La cotation des actions du groupe a été suspendue par le gendarme de la bourse de Casablanca, le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM). La volte face du principal actionnaire de la Samir via sa holding Corral est intervenue une semaine après la date butoir du 15 novembre 2015 que s’était fixé Al Mahmoudi pour apporter les 670 millions de dollars afin de recapitaliser la Samir à hauteur de 10 milliards de dirhams. Il avait assuré le conseil d’administration de sa volonté »de faire ses meilleurs efforts pour souscrire au solde de l’augmentation de capital, dans l’hypothèse où les actionnaires minoritaires ne souscriraient pas à cette opération ».