Le Qatar a annoncé, mardi, son intention d’augmenter sa production de gaz de 30%, en dépit des tensions politiques qui l’opposent à ses voisins.
Saad Al-Kaabi, P-DG du groupe public Qatar Petroleum (QP) a déclaré, au cours d’une conférence de presse tenue ce matin à Doha, que son pays envisageait de produire 100 millions de tonnes de gaz naturel par an, à l’horizon de 2024.
Le Qatar produit actuellement 77 millions de tonnes de GNL par an, ce qui en fait le premier producteur mondial. L’augmentation programmée sera équivalente à 6 millions de barils de pétrole par jour, a précisé M. Kaabi.
« Ce nouveau projet va renforcer la position du Qatar », a-t-il indiqué, ajoutant que son pays « restera pour longtemps leader mondial du secteur GNL ».
Le patron de QP a assuré, par ailleurs, que si ses voisins faisaient pression pour empêcher son pays de nouer des partenariats, le Qatar atteindra l’objectif fixé sans partenaires. « S’il n’y a pas de compagnies prêtes à travailler avec nous, nous arriverons à (l’objectif de) 100 millions de tonnes », a-t-il affirmé.
Il y a lieu de noter que cette annonce, pour le moins inattendue, a été faite alors que l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte qui ont rompu leurs relations avec le Qatar, sont censés évaluer la réponse de Doha à leurs exigences.
Ces pays qui accusent le Qatar de soutenir le terrorisme, exigent, entre autres, la fermeture de la chaîne de télévision Al Jazeera et d’une base militaire turque en plus de la réduction du niveau des relations avec l’Iran. Il semblerait cependant que ce soient justement les relations du Qatar avec l’Iran qui expliquent la confiance dont a fait preuve Al-Kaabi.
Un champ gazier partagé avec l’Iran
Un jour plus tôt, l’Iran a signé un accord gazier de 4,8 milliards de dollars avec un consortium international conduit par le français Total. Un accord de partenariat valable pour 20 ans et dont la première phase touche justement le champ gazier offshore Pars-Sud dont l’exploitation est partagée entre l’Iran et le Qatar et que les Qataris appellent North Field.
Et c’est dans cette région que le Qatar entend renforcer son exploitation gazière. Cet énorme champ gazier renferme quelque 14 000 milliards de m3 de gaz, soit 8% des réserves mondiales. En plus de sa proximité avec l’Iran, le Qatar détient, à travers son fonds souverain, 3% de parts dans le groupe Total qui vient précisément de signer un accord d’exploitation de gaz avec l’Iran.