La médiane des prévisions des analystes spécialisés sur le pétrole pour cette année ressort en hausse en mars pour la première fois en dix mois, mais les professionnels n’excluent pas une nouvelle dégradation du sentiment de marché faute d’une nette amélioration des fondamentaux, montre une enquête Reuters publiée jeudi.
Le cours du pétrole a rebondi d’environ 45% par rapport au plus bas de 12 ans atteint le 20 janvier à près de 27 dollars le baril.
« Le récent rallye est plus une correction par rapport à un sentiment très baissier au début de l’année lié à la Chine, à la levée des sanctions contre l’Iran, des raisons dont nous avons considéré qu’elles avaient entraîné un mouvement vraiment irrationnel du marché », a dit Luana Siegfried de Raymond James.
Les 31 économistes et analystes interrogés par Reuters s’attendent à un cours moyen du baril de Brent de 38,60 dollars au deuxième trimestre, contre un peu plus de 39 dollars jeudi.
Pour ce qui est de la moyenne sur l’ensemble de l’année, leur prévision médiane ressort à 40,90 dollars le baril contre 40,10 dollars dans l’enquête de février, ce qui représente la première hausse d’un mois sur l’autre depuis mai dernier. Depuis le début de l’année, le baril de Brent s’est traité en moyenne à 35 dollars.
La perspective d’un accord global entre les principaux producteurs mondiaux sur un gel de la production au niveau de janvier et le net recul de la production des gisements de pétrole de schiste – plus chers à exploiter – aux Etats-Unis ont conforté les intervenants dans l’idée que le marché avait touché un point bas fin janvier et tourné la page d’une débâcle de dix-huit mois.
Les données sur les positions à termes et optionnelles sur l’InterContinental Exchange montrent que les intervenants n’ont jamais été aussi haussiers sur le cours du Brent depuis 2011, mais cet optimisme résisterait difficilement à l’absence d’un accord entre pays de l’Opep et pays non-Opep sur le contrôle de la production.
Le potentiel de hausse pourrait s’épuiser
« Une analyse très simple de la relation entre le positionnement des investisseurs et les récents mouvements des prix du pétrole permet d’envisager un potentiel de baisse de 20% à 25% des cours si le positionnement de marché devait revenir sur les niveaux moyens constatés au cours des derniers mois », ont prévenu cette semaine les analystes de Barclays.
La plupart des analystes interrogés ne voient guère de raison d’une rechute des cours en dessous des points bas de janvier, mais des prévisions de demande moins soutenues et une dégradation des perspectives économiques pourraient limiter le potentiel de hausse des cours.
« Les prix ont monté rapidement sans nécessairement refléter le resserrement du marché physique », a dit Giorgos Beleris, analyste d’Oil Research and Forecasts, l’équipe de prévisionnistes de Thomson Reuters.
« Cela pourrait marquer le début d’une reprise à l’approche de l’été, pendant lequel la demande remonte généralement dans les pays de l’hémisphère nord avec l’augmentation de carburants automobiles. »
Les analystes interrogés estiment qu’un accord entre pays de l’Opep et pays non-Opep sur le contrôle de la production lors de leur rencontre à Doha le 17 avril restera de portée limitée si l’Iran ne s’y associe pas.
« Le refus de l’Iran de participer signifie qu’un plus grand nombre de pays devront consentir des baisses (de production) plus importantes et pendant plus longtemps pour qu’un accord soit efficace. Cela semble peu vraisemblable du fait des divergences d’intérêts et d’une méfiance persistante », a dit Sébastien Marlier, analyste matières premières d’Economist Intelligence Unit.
La médiane des prévisions pour le cours du baril de West Texas Intermediate (WTI) en 2016 ressort à 39,70 dollars en hausse de 80 cents par rapport au mois de février. Le cours moyen du baril de WTI ressort à 33,50 dollars depuis le début de l’année.
La prévision la plus basse pour le cours du Brent est celle de Morgan Stanley à 33 dollars et la plus élevée est celle de Raymond James à 53 dollars.