Si les problèmes de sécurité qui frappent la Libye, l’un des principaux importateurs de denrées alimentaires tunisiennes, ont fait chuter le volume des échanges agricoles au cours de la saison 2016/17, qui s’étend d’octobre à mai, cette baisse a néanmoins été largement compensée par une hausse des prix de vente et l’ouverture d’autres marchés.
Le secteur agricole tunisien a fait mentir les pronostics la saison dernière en dégageant un profit accru malgré une baisse des volumes d’échanges, porté par la hausse des prix de certains de ses produits phares sur les marchés internationaux.
Les revenus issus des exportations de fruits et légumes ont progressé de 13 % au cours de la saison de récolte 2016/17, alors même que les volumes exportés ont reculé de 25 %, d’après le ministère de l’Agriculture.
Si les problèmes de sécurité qui frappent la Libye, l’un des principaux importateurs de denrées alimentaires tunisiennes, ont fait chuter le volume des échanges agricoles au cours de la saison 2016/17, qui s’étend d’octobre à mai, cette baisse a néanmoins été largement compensée par une hausse des prix de vente, l’ouverture d’autres marchés et la croissance considérable des exportations d’oignon et de fenouil.
Selon les données publiées par le ministère de l’Agriculture, la Tunisie a exporté 1 851 tonnes d’oignon cette saison, un résultat plus de six fois supérieur à celui de l’année précédente (247 tonnes), tandis que les exportations de fenouil ont augmenté de 10 tonnes pour s’établir à 346 tonnes.
Les producteurs de dattes peuvent eux aussi se réjouir, puisque le prix élevé des dattes tunisiennes sur les marchés mondiaux a fait grimper les profits. Les revenus de la filière des fruits ont progressé de 31,5 % cette saison, même si la production réelle a augmenté de 8 % pour s’établir à 87 000 tonnes, soit 453,6 millions de dinars tunisiens (166,4 millions d’euros).
L’Union européenne (UE), principal importateur de produits frais tunisiens, représente 69 % des parts de marché, suivie par l’Afrique (14 %), la Russie (13 %) et les pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC, 3 %).
L’expansion du secteur s’est intensifiée ces quelques dernières années grâce à la reconnaissance mondiale de qualité des produits tunisiens, qui a permis aux producteurs locaux d’enregistrer un pic de ventes de produits biologiques dans les pays développés. L’agriculture représentait 10,4 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2015, d’après les dernières données de la Banque mondiale, contre 8,2 % en 2010.
La croissance du bio
L’agriculture biologique a connu un véritable essor en Tunisie ces quelques dernières années, en particulier sur les marchés de consommation occidentaux, auxquels les nouvelles productions sont principalement destinées.
D’après les données publiées conjointement par le Centre tunisien de promotion des exportations et la Direction générale de l’agriculture biologique au mois de novembre, la Tunisie est le second pays exportateur de produits agricoles biologiques sur le continent africain, derrière l’Ouganda. En effet, quelque 65 % des 3 000 producteurs biologiques destinent exclusivement leurs produits à l’exportation.
Parmi les produits biologiques les plus prisés exportés par la Tunisie figurent les oranges maltaises tunisiennes, les dattes (Harissa, Bsissa, Deglet Ennour), les plantes aromatiques et médicinales, les vins et spiritueux et l’huile d’olive.
L’huile d’olive est de loin le produit le plus vendu, puisqu’il représentait en 2015 plus de 84 % des revenus sur le marché du biologique, chiffrés à 290 millions de dinars tunisiens (107,1 millions d’euros).
Ce taux devrait encore progresser avec les réglementations adoptées par le bloc de l’UE. Au printemps 2016, le Parlement européen a approuvé l’application d’une exonération fiscale aux importations d’huile d’olive de la Tunisie vers l’UE, plafonnées à 35 000 tonnes par an, pour cette année et l’an dernier, dans le but de favoriser la stabilisation économique à l’échelle nationale.
Le marché de la datte biologique a également enregistré une croissance particulièrement soutenue : cette saison, la production de 5 300 tonnes a été chiffrée à 35,4 millions de dinars tunisiens (12,9 millions d’euros), soit une hausse de 17,8 % par rapport à l’an dernier.
Depuis 2009, la Tunisie est le seul pays d’Afrique a être « reconnu aux fins de l’équivalence » pour exporter des produits biologiques vers l’UE.
Un secteur tourné vers l’avenir
Si les producteurs tunisiens ont bénéficié de conditions de marché favorables cette saison, les politiques et programmes de soutien gouvernementaux en faveur de l’agriculture pourraient en partie occulter les solides performances du secteur.
À la mi-mai, par exemple, l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche et l’Agence de la vulgarisation et de la formation agricoles (AVFA) ont conclu un accord avec la Banque tunisienne de solidarité afin de mettre en place un programme de soutien aux petites exploitations agricoles.
Celui-ci, qui a pour vocation de dynamiser la production animale, en particulier les secteurs de la viande bovine et de la volaille, servira à financer les idées de jeunes diplômés du Centre de formation professionnelle de Sidi Thabet, qui accueille chaque année 80 étudiants.
Chaque projet fera l’objet d’un prêt d’un montant compris entre 100 000 et 150 000 dinars tunisiens (36 400 et 54 600 euros), qui devra être remboursé dans un délai de sept ans à un taux d’intérêt de 7 % par an, inférieur à celui du marché.
En offrant aux individus hautement qualifiés l’accès à un capital initial pour financer de nouveaux projets, ces initiatives pourraient largement contribuer à l’ouverture du secteur agricole tunisien à de nouveaux produits et technologies, et ainsi favoriser la mécanisation et la croissance à long terme.