La directive émise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de prendre en charge les dépenses de campagne de tout jeune algérien se portant candidat aux prochain scrutin législatif, fait grincer des dents chez l’opinion publique.
En effet, c’est lors du dernier Conseil des ministres, que cette initiative a été portée par chef de l’Etat. Une directive qui n’a pas manqué d’interpeller les observateurs de la scène politique. « Le président de la République a instruit, dimanche, de prendre toutes les dispositions relatives à l’appui et à l’encouragement de la participation aux prochaines élections législatives du 12 juin prochain pour concrétiser des élections démocratiques qui traduisent le véritable changement. » Lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres.
Concrètement, ce sera le Trésor public qui prendra en charge les frais liés à la location des salles, des affiches et tracts de campagne, ainsi que tout autre dépense, s’inscrivant dans le cadre de la participation des jeunes à ce scrutin.
Par ailleurs, une instruction à été donnée par le président de la République aux walis, leur enjoignant de « créer un mécanisme administrativement adéquat », pour les besoins de ce financement public.
Si, d’une part, cette mesure semble revêtir un caractère de solidarité nationale au profit des jeunes, afin de le aider à se lancer dans la vie politique par le truchement des assemblées élues, il n’en est pas moins qu’elle ne fait pas l’unanimité auprès des observateurs.
En effet, d’aucuns y voient une nouvelle forme de « clientélisme » envers cette composante essentielle de la société, visant à la faire adhérer à la feuille de route politique de l’exécutif. Et pour cause, la crainte que le peuple choisisse , encore une fois, de tourner le dos aux élections, à travers un boycott massif, à la fois par les électeurs mais également par les candidats, est palpable.
Ce sentiment est cristallisé par deux indicateurs : le fiasco du taux de participation au référendum sur la Constitution, et la tendance au rejet des législatives chez les partis d’opposition, à l’image du RCD et du PT, qui ont déjà déclaré forfait.
D’autre part, le refus de cautionner l’offre politique du pouvoir, en s’opposant fermement au scrutin législatif, se vérifie chaque semaine, à travers les marches du Hirak, qui ont lieu dans plusieurs wilayas, notamment lors des manifestations des étudiants, organisées le mardi.
Enfin, certains économistes pointent du doigt « une mesure électoraliste », qui n’a rien à envier au pratiques subversives adoptées par l’ancien régime, qui sont destinées à s’arroger le capital politique que recèle la jeunesse du pays, à coups de programmes de financements et de crédits ou à défaut, la neutraliser en l’isolant de toute alternative pouvant correspondre à ses aspirations futures.