L’Entreprise nationale des industries de l’électroménagers (ENIEM), d’Oued Aïssi, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, est « au bord de l’asphyxie financière », crient ses travailleurs.
Cet ancien fleuron de l’industrie électroménagère n’est plus ce qu’il était. L’ENIEM n’arrive pas à relever sa tête. Ses 1700 employés accumulent les crises, avec des chômages techniques en 2019, 2020 et tout récemment un congé annuel anticipé entre juin et juillet.
Ce lundi 23 août, le syndicat d’entreprise affilié à l’UGTA, jette un pavé dans la marre. « Tout comme la Kabylie, aujourd’hui, notre entreprise est sinistrée », écrit-il dans une déclaration, décrivant une entreprise « au bord de l’asphyxie financière ». « Incapable » d’assurer son approvisionnement en matières premières, l’ENIEM « risque sous peu de retomber dans une cessation d’activité », alerte le syndicat qui dénonce « les promesses (qui) tardent à prendre corps » émises par les autorités du pays.
Une situation qui dure
Les difficultés financières que connaît l’entreprise, « plutôt que de s’estomper, s’accentuent faute d’un renflouement conséquent à même d’impulser une réelle et pérenne relance d’activité », regrette le syndicat, affirmant que le point zéro « est atteint » avec un épuisement total des stocks à la fois de la matière première et des produits finis.
En juin dernier, la Direction de l’entreprise avait décidé de mettre en congé annuel anticipé l’ensemble des travailleurs. L’activité est donc censée reprendre en juillet. Mais voilà que les choses vont plus mal encore, renvoyant à la case départ l’ENIEM qui venait de sortir d’un conflit social (décembre 2020/janvier 2021), soldé par le limogeage du P-DG Djilali Mouazer.
Des promesses sans suite
Hélàs, le départ de ce dernier n’a, semble-t-il, rien apporté. Voilà que les travailleurs interpellent les autorités « sur la gravité de la situation et l’urgence d’y remédier au plus vite ».
Une lettre a été envoyée en date du 3 mai au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, rappelle le syndicat qui réitère la même exigence, proposée, pour une sortie de crise. Elle passe, en effet, par « la mise en œuvre d’un plan de sauvetage ». Ce plan inclura, soutient le syndicat UGTA, « d’une part, l’octroi d’un crédit d’investissement conséquent à même de permettre à l’entreprise de rénover ses outils de production » et, « d’autre part, le gel du décret exécutif 20-313 fixant les conditions et modalités d’admission au bénéfice du régime fiscal préférentiel ».
Le décret n° 20-313
Que dit finalement ce texte ? Dans son article 4, il est indiqué que « le bénéfice du régime fiscal préférentiel est subordonné à la souscription au cahier des charges joint en annexe 1 (…)». Recherche faite sur l’annexe 1, il s’avère que pour tous les produits électroménagers, il est exigé un taux d’intégration de 40% à la publication du décret et à 60%, après 12 mois.
Par le passé, les travailleurs avaient indiqué que l’ENIEM qui n’est qu’à 30% de taux d’intégration, « a besoin d’une période de grâce ». « Cela nécessite la rénovation de certains équipements de la chaine de fabrication qui date des années 1970 », justifient-ils.
Volonté
En tout état de cause, et malgré les promesses du gouvernement et de l’ancien ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali, la relance de l’ENIEM reste prisonnière d’une réelle volonté de l’Etat. Le syndicat d’entreprise estime les fonds d’exploitation dont a besoins l’entreprise, à « au moins 3 milliards de dinars », en plus d’un « effacement des dettes » qu’elle traine.
Ahmed Ouali