Voici la lettre adressée par l’épouse du journaliste Adlène Mellah au peuple algérien. Elle y parle de l’état critique dans lequel se trouve son époux en grève de la fin depuis trois semaines à la prison d’El Harrach.
« J’ai rendu visite aujourd’hui 10 janvier 2018 à mon époux Adlène Mellah, dans le cadre des visites programmées tous les 15 jours. J’ai été choquée par son état de santé très dégradé, après 16 jours de grève de la faim, entamée pour demander un procès équitable.
Chose qui a visiblement nui à son état et l’a affaibli, présentant un très grave danger sur sa vie, plus que jamais. J’ai été outrée par le silence des responsables qui pèse autour de l’affaire de mon mari, loin des droits de l’homme que la Constitution algérienne garantit aux citoyens. Cet état de santé dangereux que j’ai vu de mes propres yeux aujourd’hui, a été confirmé par le médecin spécialiste qui a examiné mon mari et l’a trouvé dans un état très difficile.
Actuellement, il n’arrive pas à bouger son bras et son pied gauches, à cause de ce qui semble être le début d’une paralysie partielle, et souffre selon son médecin d’une infection au niveau des yeux à cause de la lumière qui reste allumée toute la nuit dans sa cellule, chose que j’ai remarquée dans ses yeux gonflés.
Seule sa force et sa détermination à continuer sa grève de la faim pouvaient égaler son affaiblissement physique et son état de santé inquiétant. Il demande un procès équitable dans lequel tous ses droits seront garantis, loin de toutes les mesures politiciennes qui l’avaient conduit à la prison. Mon mari ne fait pas cette grève de la faim pour gagner la sympathie de quiconque, ou de réclamer le pardon pour une erreur qu’il n’a pas commise, mais pour avoir droit à son procès équitable et à ses droits, selon les lois et la Constitution algériennes.
Un procès dans lequel les avocats pourront plaider la cause de leur client, et exposer les dépassements dont il a été victime à cause de son activité politique qui aurait dérangé des cercles, ces derniers n’ont pas trouvé de solutions à part l’instrumentalisation de la justice et prendre le risque de sacrifier l’État de droit afin de réduire au silence des voix, et de faire taire un journaliste qui exerce son droit constitutionnel à la critique dans le respect des lois de la République.
Pour finir, je m’adresse à toutes les associations et les organisations de défense des droits de l’homme, aux confrères et aux militants et acteurs de la société civile, pour sauver mon mari, puisque dans le cas où il persiste dans sa grève de la faim.
Je lance un appel des plus importants, au président de la République afin d’ouvrir une enquête urgente sur les dépassements qu’avait subi mon mari negligeant toutes les consignes et les indications du président qui interdit l’emprisonnement des journalistes. Adlène Mellah vous adresse de sa prison ses remerciements et sa reconnaissance envers le peuple algérien qui s’est solidarisé avec lui, et à toutes les personnes honorables qui se dressent à ses côtés contre l’injustice et pour défendre l’État de droit que nous rêvons tous d’avoir».