L’installation massive d’un grand nombre de ressortissants algériens dans la ville d’Alicante (Espagne), a incité plusieurs journaux espagnols à s’intéresser à eux, à l’instar du quotidien El Pais, qui a titré mardi « l’Algérie s’installe à Alicante ».
Ils sont presque 22.000 ressortissants algériens à résider dans la province espagnole de Valence, soit le tiers des algériens établis en Espagne (estimés à 64.000). La population algérienne dans cette ville a augmenté de 17% de plus que dans le reste de l’Espagne en l’espace de 10 ans. Dans cette province de la côte Est espagnole, 7.123 vivent dans le chef-lieu, 2.774 dans la localité de Castellón et 11.845 à Alicante.
Dans la ville d’Alicante, le nombre de ressortissants algériens a augmenté de 118 % en une décennie, selon l’Observatoire de l’immigration de l’Université d’Alicante. Les Algériens représentent désormais une classe moyenne croissante à Alicante : « Ils arrivent beaucoup à Alicante, mais leur profil a changé, ce sont désormais des personnes riches qui viennent », affirme à El Pais, Carlos Gomez Gil, sociologue à l’observatoire de l’immigration de la Université d’Alicante. Ce sociologue avait déclaré en 2013, que les Algériens étaient devenus, avec 5200 nouvelles installations à Alicante, la deuxième nationalité de la ville juste derrière les roumains. Et c’est la seule population étrangère dont le nombre a connu une croissance durant la période de la crise qu’a traversée l’Espagne depuis 2008, au moment où d’autres, jusque-là dominantes (les Marocains et les Sud-américains), ne cessent de diminuer.
Nouveau profil de l’immigré algérien
Le journal espagnol relève que cette grande vague d’immigration algérienne n’est pas motivée uniquement par la recherche d’un travail. Désormais, les Algériens viennent investir dans l’immobilier. Selon les services consulaires espagnols, beaucoup demandent des visas d’Achats-ventes de maisons. Ces Algériens, catalogués comme des personnes appartenant à la classe moyenne, sont souvent des professionnels libéraux et des entrepreneurs ayant beaucoup de relations avec les acteurs économiques de la province de Valence.
Avec 740 maisons achetées, les Algériens sont les premiers clients du marché immobilier d’Alicante durant la première moitié de 2014, alors qu’ils étaient classés en troisième position derrière les Russes et les Britanniques au premier trimestre 2014, selon les chiffres publiés le 27 avril dernier par l’agence espagnole Europa Press. Cette ville est la première ville espagnole en matière de transactions immobilières, avec 33% des transactions réalisées sur le territoire espagnol en 2013. Elle est suivie de l’Andalousie avec 19,9%, de la Catalogne (15,5%), des Iles Canaries (11.3%) et les Baléares (6.5%).
Repeupler les régions abandonnées
« Les Algériens donnent vie au stock d’habitations se trouvant dans des quartiers considérés comme modestes et même dans les ventes ‘’affaires ‘’, dans des régions abandonnées par les espagnols lors du boom immobilier. Les Algériens, avec une moyenne de 47.900 euros par appartement achetés dans les six premiers mois de l’année en cours, sont en train de repeupler ces endroits, et que d’autres s’achètent des biens immobiliers dans la plage de San Juan historiquement investie par les madrilènes et les basques » précise Delfín Martínez, vice doyenne des notaires de Valence.
Ainsi, nombre d’entre eux viennent pour s’installer en famille. Le Lycée français de la ville enregistre de plus en plus d’inscriptions d’algériens, selon le quotidien madrilène. A côté de ces algériens installés à Alicante, beaucoup visitent régulièrement ce pays ibérique. Ils partent pour une simple visite d’ophtalmologie ou pour s’acheter des vêtements et des parfums. « En l’espace de cinq mois, 150 algériens ont été traités dans la clinique Baviera, à la recherche de chirurgie novatrice », note El Pais, qui précise que « les Algériens sont prêts à dépenser 500 euros en maquillages et parfums », citant les témoignages de commerçants sur place. A ceux-là s’ajoutent les dizaines de milliers de vacanciers annuels et les immigrés clandestins estimés à quelques centaines.