L’information publiée par Le Figaro hier vendredi et attribuée à « une source diplomatique à Tunis » relance la polémique sur l’existence d’une base américaine secrète en Tunisie, près de la frontière libyenne. La diplomatie américaine et les autorités tunisiennes ont, à maintes reprises, qualifié d' »infondées » les rumeurs persistantes à ce sujet.
« Selon une source diplomatique à Tunis, les USA viennent de rénover une base désaffectée dans le sud tunisien pour intervenir sur le théâtre libyen. » C’est ce qu’on peut lire dans un article publié hier par le quotidien français Le Figaro. Cet article apporte de l’eau au moulin de plusieurs médias qui, dès novembre dernier, ont évoqué l’implantation d’une base militaire américaine dans le gouvernorat de Tataouine, frontalier avec de la Libye.
C’est l’hebdomadaire panafricain paraissant à Paris Jeune Afrique qui a, le premier, abordé ce sujet sensible. Dans un article daté du 29 novembre 2013 il écrivait au sujet d’entretiens qu’a eus le 20 novembre 2013 à Tunis Ali Larayedh, l’ancien Chef du gouvernement tunisien, avec le général David M. Rodriguez, patron du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) : » Selon des proches du cabinet du Premier ministre, il a surtout été question de la base militaire américaine en cours d’implantation à Remada, dans le sud du pays, dans une zone placée sous contrôle militaire au mois d’août par décret présidentiel. Mais les travaux avaient débuté dès décembre 2011. »
Le 30 décembre dernier, le journal algérien Echourouk a annoncé « révéler la présence d’une base militaire américaine en Tunisie », avec images à l’appui et force détails géographiques. L’article, publié en anglais sur echoroukonline.com, affirmait: « Malgré le démenti du porte-parole du gouvernement tunisien de l’existence d’une base militaire américaine sur le sol tunisien, Echorouk s’est procuré des preuves visuelles de quatre points bien renseignés montrant la présence, en ce moment, d’un grand nombre d’officiers américains et de soldats d’Africom sur le sol tunisien près de la frontière algérienne. »
Démenti systématique
Ces révélations ont provoqué, à chaque fois, des démentis officiels de la part des autorités tunisiennes et américaines. « Les différentes informations relatives à la présence d’une base américaine en cours d’implantation à Remada sont dénuées de tout fondement », déclarait ainsi le ministère tunisien de la Défense nationale au lendemain de la publication de l’article de Jeune Afrique. « Remada (70 km au sud de Tataouine) est une ville dont le nombre d’habitants dépasse les cinq mille. Il serait absurde de concevoir un tel projet dans une zone urbaine. Et il suffit de se rendre sur place pour s’apercevoir qu’aucune base, américaine ou autre ne s’y trouve », précisait le ministère écartant « tout projet d’une telle nature ».
L’ambassadeur américain à Tunis, Jake Walles, a nié lui aussi, début décembre, l’existence de cette base américaine et même l’intention d’en créer une : « Les articles des médias qui rapportent que le gouvernement américain demande à construire une base militaire en Tunisie sont faux et ont été démentis par les officiels tunisiens et américains. »
De même, au lendemain de la parution de l’article d’Echourouk, le ministère tunisien des Affaires étrangères (MAE) a démenti catégoriquement les informations que celui-ci avait publiées sur l’existence d’une base militaire américaine sur le territoire tunisien. « Ces informations sont dénuées de tout fondement », soulignait son communiqué.