D’ici à 2016, le gouvernement s’est fixé pour objectif de réduire les dépenses allouées aux subventions à 3 % du PIB. Si l’on ajoute à cela d’autres mesures, telles que la réforme fiscale et la réduction des dépenses de personnel dans la fonction publique, le déficit budgétaire devrait passer en dessous de la barre des 5 % en 2014 pour la première fois en trois ans.
Au cours des cinq dernières années, le Maroc a enregistré une hausse constante de ses déficits « jumeaux » (budgétaire et commercial), principalement en raison du ralentissement prolongé de l’activité économique en Europe, partenaire commercial de premier ordre et source majeure d’investissement direct à l’étranger pour le pays. A cette faiblesse de la demande européenne viennent s’ajouter la montée des prix mondiaux du pétrole et des récoltes particulièrement médiocres en 2012. Autant de facteurs qui ont poussé respectivement les deux déficits jusqu’à 7.3 % et 23.8 % du PIB pour cette année.
Des progrès
A la mi-janvier, le gouvernement a annoncé l’élimination des subventions à l’essence et au fuel industriel hors production d’électricité, ainsi que la réduction graduelle des subventions au diesel de 2.15 dirhams (0.19 €) par litre à 0.80 dirham (0.07 €) entre février et octobre 2014.
Les subventions au butane et au fuel industriel destiné à la production d’électricité seront en revanche maintenues. Ces deux postes devraient être équivalents à 1.8 % du PIB en 2014.
Ces nouvelles mesures viennent renforcer la ligne adoptée par le gouvernement dès l’année dernière. En septembre, les autorités nationales avaient lancé un mécanisme d’indexation des prix domestiques sur les cours mondiaux pour trois produits, à savoir l’essence, le diesel et le fuel industriel non destiné à la production d’électricité. L’objectif était de stabiliser les dépenses en matière d’énergie et de se protéger contre la volatilité.
Si l’endettement national demeure soutenable, le pays est tout de même vulnérable aux chocs extérieurs. Le Maroc dépend des importations pour la quasi-totalité de ses besoins énergétiques ainsi que dans une large mesure pour les céréales, le sucre ainsi que d’autres produits alimentaires de première importance. Le gouvernement travaille à l’introduction de mesures pour reconstituer ses réserves financières et se protéger contre la volatilité des prix, notamment en refondant le régime des retraites, en rationalisant ses dépenses de personnel et en réduisant les subventions au carburant et à l’alimentation.
Des mesures nécessaires
L’adoption des réformes sur les subventions au carburant est passée sans grande difficulté cette année, aucun mouvement de contestation fort ne s’étant fait ressentir depuis leur introduction en janvier. L’année dernière, en revanche, les réformes avaient divisé la coalition au pouvoir, donnant lieu à un remaniement ministériel en octobre. Néanmoins, il semble qu’un consensus se fasse jour au niveau national quant à la nécessité de réduire les subventions pour reconstituer les réserves financières, notamment alors que le pays tâche de remédier au manque chronique de liquidités dans le secteur financier.
Les subventions généralisées à l’énergie et l’alimentation se sont élevées à 53 milliards de dirhams (4.7 milliards d’euros) en 2012, l’équivalent de 6.4 % du PIB. Ces subventions ont été à la mesure des dépenses d’investissements de l’Etat et ont dépassé les dépenses publiques allouées à la santé et à l’éducation réunies, selon le dernier rapport article IV du FMI, publié en mars.
Les premières mesures visant à réduire les subventions et à indexer les prix de l’énergie domestique, ainsi que la récolte exceptionnelle et la baisse des cours mondiaux du pétrole ont permis de réduire les dépenses à 43 milliards de dirhams (3.8 milliards d’euros), soit 4.7 % du PIB, en 2013. Avec l’initiative lancée en janvier, les dépenses allouées aux subventions devraient être abaissées à 35 milliards de dirhams (3.1 milliards d’euros), soit 3.7 % du PIB, en 2014.
D’ici à 2016, le gouvernement s’est fixé pour objectif de réduire les dépenses allouées aux subventions à 3 % du PIB. Si l’on ajoute à cela d’autres mesures, telles que la réforme fiscale et la réduction des dépenses de personnel dans la fonction publique, le déficit budgétaire devrait passer en dessous de la barre des 5 % en 2014 pour la première fois en trois ans.
Engagement social
L’objectif de ce programme de réforme est de mettre de côté les subventions généralisées pour faire la part belle à des mesures plus ciblées bénéficiant directement aux populations les plus pauvres. Selon les estimations du gouvernement, 75 % des fonds alloués aux subventions au diesel et au carburant vont de fait au quintile supérieur de la population.
Cette réforme des subventions devrait avoir un impact sensible sur les coûts des transports. Dans la mesure où l’augmentation des coûts énergétiques est susceptible d’affecter les populations les plus démunies, le gouvernement a décidé en janvier de limiter la hausse des tarifs des transports publics. D’autres mesures supplémentaires devraient suivre cette année, notamment un renforcement des aides pour les enfants en âge d’être scolarisés ainsi que pour les soins afin d’améliorer l’accès des populations démunies à ces services fondamentaux.
En revanche, la modification du régime de subventions à l’alimentation promet d’être autrement plus délicate. Les dépenses actuelles pour des produits tels que le blé et sucre, dont le coût devrait être équivalent à 0.5 % du PIB en 2014, resteront pour le moment inchangées.
Grâce à toutes ces mesures ciblant simultanément les salaires dans la fonction publique, l’élargissement de l’assiette fiscale, la réforme de la TVA et l’élimination des exonérations fiscales, par exemple pour les grandes entreprises dans le secteur de l’agriculture, l’Etat devrait parvenir à assainir les finances publiques à court terme. La réforme du régime des retraites est, quant à elle, nécessaire mais elle s’inscrira dans une démarche à plus long terme. Beaucoup reste encore à faire, mais l’engagement de l’Etat à mettre en œuvre des réformes a renforcé la confiance des investisseurs, ce qui est d’autant plus important que le Haut Commissariat au Plan estime que le Maroc aura besoin de fonds extérieurs à hauteur de 7.4 % du PIB en 2014.