L’ambassadeur d’Egypte en Libye et des dizaines de diplomates ont quitté Tripoli pour des raisons de sécurité, après l’enlèvement de cinq employés de l’ambassade. Cet enlèvement serait en rapport avec l’arrestation à Alexandrie (Egypte) d’un chef de milice libyen.
« L’ambassadeur et plus d’une cinquantaine de fonctionnaires et diplomates de l’ambassade égyptienne ont quitté Tripoli samedi soir », a indiqué dimanche à l’AFP, Saïd Lassoued, porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères que. Selon lui, la mission diplomatique égyptienne a préféré prendre ses précautions en matière de sécurité, après l’enlèvement de cinq de ses membres en moins de 24 heures entre vendredi et samedi. M. Lassoued a ajouté que les autorités libyennes œuvraient encore, à obtenir la libération des Egyptiens enlevés, sans fournir plus de détails. Quatre agents, dont le conseiller culturel de l’ambassade, font partie des otages.
Les milices libyennes sont pointées du doigt pour leur responsabilité dans les récents enlèvements des personnalités du pays. L’une d’elles serait celle dirigée par Chaabane Hadeia, alias Abou Obeida, chef du Centre d’opérations des révolutionnaires, une milice libyenne ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Il a été arrêté vendredi en Egypte. Le gouvernement libyen considère que cette milice était responsable du bref enlèvement – quelques heures – de son Premier ministre Ali Zeidan, en octobre 2013. Samedi soir, le gouvernement libyen par la voix du ministre de la Justice, Salah al-Marghani, a implicitement fait le lien entre l’arrestation de Hadeia et les enlèvements. Ce qui tend à confirmer que ces enlèvements pourraient être des actes de vengeance.
Tripoli réclame des explications
« Nous attendons des explications de nos frères égyptiens sur les accusations portées contre Chaaban Hadeia. En même temps, nous condamnons fermement cette réaction », a déclaré M. Marghani, qualifiant l’enlèvement des cinq Egyptiens d' »acte criminel ». Le ministère libyen des Affaires étrangères a indiqué dimanche dans un communiqué qu’il était en « contact permanent » avec Le Caire, pour obtenir des informations sur les circonstances de l’arrestation de M. Hadeia, espérant sa « libération le plus tôt possible », selon l’AFP.
Au Caire, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a confirmé samedi soir la détention de M. Hadeia, mais n’était en pas mesure d’en fournir les raisons. « Si l’implication de M. Hadeia (dans une affaire quelconque) n’est pas établie, il sera naturellement libéré », a-t-il précisé à l’AFP.
Les expatriés, cible des miliciens
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition se montrent incapables de rétablir l’ordre et la sécurité dans un pays en proie à l’anarchie et aux violences meurtrières. Elles ne parviennent pas à contrôler des dizaines de milices armées formées par des ex-rebelles et qui font la loi dans le pays. Celles-ci ciblent notamment les expatriés. Un représentant du gouvernement sud-coréen, chef de l’Agence de promotion pour l’investissement et le commerce coréen, a été libéré « en bonne santé », mercredi 22 janvier, par les forces de sécurité après avoir été enlevé par un groupe armé à Tripoli trois jours plus tôt. De son côté, l’Italie reste sans nouvelles de deux de ses expatriés disparus à l’est du pays depuis le 17 janvier. Ce n’est pas la première fois que les diplomates italiens sont visés par des actions terroristes. En juin 2013, une voiture du personnel de l’ambassade d’Italie à Tripoli a explosé mardi 11 juin, quelques minutes après que des vigiles aient signalé une bombe placée sur le véhicule. L’explosion a blessé deux enfants et endommagé plusieurs magasins.