Selon une étude publiée en fin de semaine dernière par le CREAD, les entreprises algériennes ont laissé des plumes dans leur traversée de la crise sanitaire. 50% de leur chiffre d’affaires en 2020, est parti en fumée à cause de la pandémie Covid-19.
Interrogé par la rédaction de Maghreb Emergent sur la lecture qu’il fait de cette statistique, l’expert et conseiller fiscal et président de l’association nationale des conseillers fiscaux algériens, Boubeker Sellami, évoque d’abord deux causes principales qu’il met en relief : les différentes mesures de confinement sanitaire et la fermeture des frontières dans plusieurs pays du monde y compris l’Algérie, qui a a eu pour effet de perturber (ne serait-ce que momentanément) la chaine d’approvisionnement et la disponibilité de certains intrants et matières premières.
M. Sellami explique, à ce titre, que 50% à 60% de la main d’œuvre a été « libérée » par les entreprises durant une longue période de l’année 2020, ce qui a eu un impact direct sur le rendement économique et le volume de production. « L’opération est somme toute assez logique : qui dit baisse de rendement dit baisse du chiffre d’affaires », ironise Sellami.
Par ailleurs, l’expert pointe du doigt les conséquences logiques sur l’économie nationale suite à la diminution du chiffre d’affaires des entreprises, notamment la baisse de la fiscalité ordinaire à un niveau inquiétant. Par ricochet, celle-ci s’est répercutée sur toute la chaine économique du pays, engendrant tour à tour, baisse des revenus de l’Etat, chômage et faillite de nombreuses entreprises dans certains secteurs vitaux comme el BTP et les services. Boubeker Sellami insiste sur le gouffre de 4000 milliards de dinars qu’a atteint le déficit budgétaire. Ce chiffre, selon lui, cristallise à lui tout seul le manque à gagner des entreprises algériennes en 2020.
Interrogé sur les solutions et autres alternatives que l’Etat serait à même à offrir aux entreprises touchées par la crise, l’expert énumère les mesures socio-économiques mises en place pour tenter de « réduire » l’hémorragie et canaliser les pertes, à l’instar des échéanciers et autres exonérations fiscales. Mais il concède volontiers que ces « mesurettes » sont insuffisantes pour leur permettre de relancer pleinement leur activités et remplir le carnet de commandes et créer, à nouveau, des postes d’emploi. « Malheureusement, l’on ne peut pas faire des chandelles avec des bouts de chandelles », s’exclame-t-il.
D’autre part, M. Sellami redoute qu’un modèle d’assistanat économique aux entreprises « malades », s’installe dans la durée sans que de réelles solutions leur soient proposer, afin qu’elles puissent redevenir autonomes, et ce au détriment de l’argent public. D’où l’idée d’un moratoire ou amnistie fiscaaux, (comme proposé par le CAPC), des crédits bancaires sans ou à taux intérêts très faibles. « L’Etat doit réfléchir à une réintégration des entreprises durement frappée par les conséquences de la pandémie, dans le tissu économique national, de manière à leur permettre de voler à nouveau de leurs propres ailes », explique-t-il.
Et de conclure : « Mais il ne faut pas se raconter d’histoires car l’équation n’est pas simple à résoudre ! Pour ce faire, des réformes fiscales urgentes s’imposent mais également un l’assainissement profond de l’acte d’investir, à la fois sur le plan juridique que stratégique. C’est d’ailleurs l’une des premières missions que lesquelles la nouvelle représentation nationale devra se pencher. »