Les envois d’argent des migrants africains vers leurs pays d’origine ont dépassé 62 milliards de dollars en 2012, a indiqué une étude de la Banque africaine de développement (BAD) intitulée : « Réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement ».
« C’est plus que les 56 milliards de dollars du total de l’aide publique au développement et les 50 milliards d’investissements directs à l’étranger (IDE) », explique un document synthétisant cette étude réalisée par l’ONG « Epargne sans frontières » pour le compte de la BAD. Les transferts d’argent des migrants africains vers leurs pays d’origine demeurent « stable et tendent même à s’accroître malgré une conjoncture économique internationale encore peu favorable. », note l’étude. Ainsi, avec 62,437 milliards de dollars envoyés en 2012, l’Afrique a multiplié par six les transferts des migrants en douze ans. Le Nigeria et l’Egypte sont les pays ayant été les premiers bénéficiaires de ces fonds, avec respectivement 20,568 milliards et 20,515 milliards de dollars. Le Maroc a, quant à lui, drainé des flux de l’ordre de 6,894 milliards de dollars en 2012 (contre 2,161 milliards en 2000). « Si les envois d’argent de la diaspora marocaine ont légèrement fléchi en 2009 puis entre 2011 et 2012, ils demeurent cinq fois supérieurs à ceux des migrants sénégalais et plus de trois fois supérieurs à ceux que reçoit la Tunisie », expliquent les auteurs de l’étude. Quant au Cameroun, il affiche des flux stables, de l’ordre de 115 millions de dollars EU par an entre 2010 et 2012.
Orienter les fonds vers les secteurs prioritaires
Les fonds des migrants qui constituent une véritable source de financement des économies des pays bénéficiaires ne sont pas cependant investis dans les secteurs prioritaires. D’ailleurs, les experts africains réunis le 27 Mars dernier à Tunis autour de la question des transferts de fonds des migrants africains ont souligné à l’unanimité que les fonds des migrants africains ne sont pas utilisés aussi efficacement que possible, du moins dans une perspective de développement dans les pays bénéficiaires. Les rédacteurs de l’étude estiment qu’en orientant une partie de ces transferts vers l’investissement dans des secteurs jugés prioritaires par les envoyeurs et les récipiendaires, via une offre en produits et services financiers plus adaptés, les économies des pays concernés en tireraient le plus grand profit, notamment en termes de croissance inclusive.
Faire baisser frais des transferts
La BAD s’inquiète de la cherté des frais de transferts de fonds en Afrique qui restent les plus élevés au monde. Ils sont de l’ordre de 12 à 15 % en moyenne, soit près de 4 points de plus que la moyenne mondiale. A titre de comparaison, ces frais sont de l’ordre de 6,5 % vers l’Asie du Sud. Les migrants africains s’acquitteraient ainsi de quelque 4 milliards de dollars par an de frais de transferts. Alors qu’en réduisant ceux-ci de moitié, 2 milliards de dollars supplémentaires pourraient être injectés dans les pays récipiendaires. Il s’agira de faire baisser les coûts au profit développement local.