Les opérateurs de réseau mobile virtuel (MVNO) peuvent aider aux développement de la téléphonie ou de l’Internet dans des zones particulières, considérée à faible rentabilité par les opérateurs classiques. Ci-après l’historique des MVNO et leur développement dans le monde.
Durant les deux dernières décennies, les télécommunications mobiles se sont totalement industrialisées. L’émergence des opportunités technologiques et réglementaires a créé une concurrence accrue entre les acteurs du marché de la téléphonie mobile et a permis l’apparition de nouveaux profils d’opérateurs et la diversification des offres destinées aux consommateurs. L’entrée des opérateurs de réseaux mobiles virtuels (MVNO) dans le secteur des télécommunications mobiles en est un exemple édifiant. Un MVNO (Mobile Virtual Network Operator) est une compagnie qui fournit des services de télécommunications mobiles sans posséder une infrastructure réseau cellulaire ni licence d’exploitation des canaux fréquentiels du spectre radioélectrique. L’entreprise loue des capacités réseau d’un opérateur traditionnel MNO (Mobile Network Operator). Elle est donc dépendante de son fournisseur de réseau mais possède ses propres ressources pour être fonctionnelle dans le marché du mobile. Aujourd’hui, plusieurs types d’opérateurs virtuels peuvent être distingués. Les fournisseurs de services SP MVNO (Service Provider MVNO) sont les opérateurs virtuels les plus répandus dans le monde. Ils achètent des minutes d’appels chez l’opérateur traditionnel et les revendent à leurs clients en utilisant leur propre nom de marque. Ils intègrent également les procédés de facturation et support client sans aucune activité réseau tel que le routage des appels (commutation). En revanche, les opérateurs virtuels pleins (Full MVNO) sont considérés comme les plus productifs dans le secteur des télécommunications mobiles. En effet, en plus de revendre des minutes d’appel ou des volumes data, ces opérateurs disposent d’une capacité réseau, d’un registre de localisation nominal (HLR), contenant les données personnelles des usagers, et disposent de leurs propres cartes SIM.
Liberté dans le choix de la tarification
En plus de travailler avec des marges plus élevées que celles des SP MVNO, puisque le concept terminaisons d’appels est appliqué à leur revente des appels vocaux, les Full MVNO ont aussi plus de liberté dans le choix de la tarification, le développement de services, la commutation des appels vocaux et le routage des données. La multiplication des MVNO a entraîné une diversification des domaines d’activité dans lesquels une entreprise des télécommunications est opérationnelle. Mieux, ces MVNO ont ajouté de l’eau au moulin des opérateurs physiques pour qu’ils puissent fournir des services spécifiques et surtout cibler de nouveaux segments de marché jamais exploités auparavant.
Aussi, les MVNO peuvent servir à élargir la gamme des services offerts par les opérateurs traditionnels, accroître la flexibilité tarifaire, cibler de nouveaux segments de marché et introduire des services à valeur ajoutée. Leurs coûts opérationnels sont réduits par rapport à ceux des MNO grâce à l’absence de frais de licence à payer. Cette optimisation du coût est améliorée par un recours réduit aux infrastructures hardwares des réseaux et canaux de distribution. Ces opérateurs se contenteront alors d’assurer des prestations de services mobiles à des taux tarifaires inférieurs. Cette situation a apporté un temps d’avance aussi bien dans la concurrence au sein de l’industrie des télécommunications mobiles que sur leur régulation. Les MVNO permettent ainsi de contourner en quelque sorte le goulot d’étranglement représenté par le nombre limité de licences disponibles.
Depuis 1999, de nombreux opérateurs virtuels sont entrés en activité dans le monde. Les pays de l’Europe du Nord sont les pionniers. Le Norvégien « Sense », le premier MVNO de l’histoire des télécommunications mobiles, a été créé en 1997. Dans de nombreux pays les régulateurs télécoms ont obligé des MNO à ouvrir leurs réseaux physiques à des opérateurs virtuels (les pays nordiques, l’Allemagne et l’Espagne), d’autres ont mis en œuvre des dispositions spécifiques en termes de frais d’accès et mode de fonctionnement (Danemark et en Irlande, par exemple). En revanche, des pays comme la France et la Grande Bretagne ont décidé de ne pas intervenir et laisser les négociations entre les MNO et MVNO s’établir sur une base volontaire. En Algérie, ce type de compagnie demeure absent faute de statut juridique et de réglementation qui le permet. A ce jour, aucun opérateur traditionnel n’a le droit de louer des capacités réseaux à des entités afin de lancer des opérations commerciales.