Avec près de 88 % d’augmentation des importations d’armes conventionnelles en dix ans, les transferts d’armes vers l’Afrique du Nord sont en pleine croissance, révèle le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) dans une note d’analyse publiée lundi.
Les Etats de l’Afrique du Nord – Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Libye – ont connu une augmentation constante de leurs dépenses militaires entre 2003 et 2012, indique la note d’analyse du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), un centre de recherche indépendant basé en Belgique. Selon les chiffres de la base de données sur les transferts d’armes de l’Institut de Stockholm pour la recherche sur la paix (SIPRI), cités par l’auteur de la note Simon Pierre Boulanger Marte, l’Afrique du Nord a ainsi vu ses volumes d’importation d’armes conventionnelles croître de 87,9 % entre 2003 – 2007 et 2008 – 2012.
L’Algérie et l’Egypte sont les plus grands importateurs d’armes de la région avec respectivement 43.8 % et 36.2 % du volume des achats d’armement, suivis du Maroc (18.1 %), de la Tunisie (1.2 %) et de la Libye (0.6 %). En une décennie, l’Algérie est ainsi passée du 22e au 6e rang des plus grands importateurs d’armes au monde, tandis que le Maroc est passé du 69e au 12e rang. Les programmes de modernisation des forces armées algériennes et marocaines expliquent en grande partie cette escalade, explique le chercheur du GRIP qui avance aussi « les questions liées à la porosité des frontières, à la lutte contre le terrorisme transnational et au trafic illicite des biens et des personnes », comme raisons de cette forte croissance de transferts d’armes vers l’Afrique du Nord.
La Russie, premier fournisseur
Les armes importées par les pays d’Afrique du Nord proviennent principalement de la Russie avec 49 % des exportations d’armes vers la région suivi par les Etats-Unis qui obtiennent 27, 8 % du marché. Dans un cadre global, les pays membres de l’Union européenne (UE) représentent 15,8 % des exportations d’armes conventionnelles en Afrique du Nord mais leurs transferts vers la région à augmenté de 171,8% entre 2003 et 2012. « Le désir d’influence et les intérêts économiques ainsi que la lutte contre le terrorisme et les trafics illicites en tout genre et l’immigration irrégulière ont souvent été les raisons avancées pour légitimer les transferts d’armes des États membres de l’UE vers la région », explique la note d’analyse du GRIP.
Absence de transparence en matière de défense
« Les États nord-africains s’avèrent peu transparents dans le domaine de la défense » relève le chercheur du GRIP, qui indique que ces derniers participent de façon limitée au Registre des armes classiques des Nations unies. L’Algérie et le Maroc n’ont ainsi jamais soumis de rapport à l’initiative onusienne. L’Égypte et la Libye n’ont plus transmis d’informations, respectivement depuis 1993 et 1998 et la Tunisie n’a fourni de rapport qu’à deux reprises, en 1993 et en 2010.