L’Algérie s’est déclarée satisfaite de la gestion commune de la nappe albienne qu’elle partage avec la Libye et la Tunisie.
Le ministre algérien de des Ressources en eau, M. Hocine Necib, a démenti les informations selon lesquelles la Libye dépasserait son quota dans l’exploitation de nappe albienne qu’elle partage avec l’Algérie et la Tunisie. Interrogé en début de semaine par la radio algérienne, pour savoir si la Libye dépassait son quota, M. Necib a répondu: « non, catégoriquement non ».
Selon lui, les grands transferts d’eau du sud vers le nord réalisés par la Libye se font à partir d’une autre nappe, située dans l’est de ce pays, une nappe partagée avec l’Egypte et le Tchad. La Libye avait réalisé un projet pharaonique de transfert d’eau du désert vers le nord sous Maamar Kadhafi, alors que l’exploitation de cette même nappe à partir du Sahara algérien demeure encore peu développée. Seul un transfert destiné à alimenter Tamanrasset, dans le Hoggar, à partir d’Illizi, a été réalisé. Ce chantier, réalisé par des entreprises chinoises sur près de 1.000 kilomètres, a coûté trois milliards de dollars.
La nappe albienne, de 40.000 milliards de mètres cube, s’étend sur une vaste zone à cheval entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Une grande partie de cette nappe se trouve en Algérie (70%), contre 20% en Libye et 10% en Tunisie, a rappelé M. Necib. Le système d’exploitation mis en place en concertation entre les trois pays pour exploiter et protéger cette ressource « fonctionne bien », s’est félicité M. Necib, se référant aux conclusions d’organismes régionaux, comme l’Observatoire du Sahara et du Sahel, qui s’est dit «satisfait de cette gestion ».
Premiers transferts sud-nord en 2015
Aux termes de ces accords, l’Algérie a le droit de prélever cinq milliards de mètres cube par an. Elle n’en consomme que la moitié pour les besoins de l’irrigation et de la consommation d’eau potable, a indiqué M. Necib. Mais cette situation devrait rapidement évoluer. Les besoins de l’agriculture, au Sahara et dans les Hauts Plateaux, devrait exploser durant la prochaine décennie, avec la mise en valeur de vastes superficies, grâce aux facilités et aux aides décidées par le gouvernement algérien.
Dès l’année prochaine, sera lancé un premier grand transfert d’eau du sud vers le nord. A partir de champs situés dans la région de Ghardaïa et Laghouat, l’eau sera transférée vers la steppe et les Hauts Plateaux, alimentant les régions de Djelfa, Bou Saada, M’Sila et Tiaret. A l’horizon 2040, une dizaine de transferts d’envergure seront graduellement réalisés. Pour les autorités algériennes, ce chantier accompagnera un vaste plan d’aménagement du territoire, pour offrir plus d’attractivité aux Hauts-Plateaux de l’intérieur, et y attirer population et investissements. Le projet comprend notamment la construction de nouvelles villes, et la réalisation d’une nouvelle autoroute des Hauts Plateaux.
Le non dit du gaz de schiste
Le grand malentendu concernant la nappe albienne concerne toutefois l’exploitation du gaz de schiste. Le ministre de l’Energie, actuel premier ministre par intérim, M. Youcef Yousfi, a fait adopter par le Parlement une nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui autorise l’exploitation des gaz de schiste. Les mouvements écologiques redoutent que l’eau de la nappe albienne soit polluée, ou que son utilisation à grande échelle provoque des déséquilibres environnementaux, dans un système très fragile. Malgré les assurances des autorités, le gouvernement est soupçonné de se lancer dans l’exploitation de la nappe albienne en premier lieu pour satisfaire aux besoins du secteur de l’énergie.