Les manifestations de protestation organisées dimanche par plusieurs syndicats ouvriers dans la capitale économique du Maroc rappellent à l’ordre le gouvernement islamiste d’Abdelilah Benkirane, qui n’a pas encore donné de signes positifs sur sa politique sociale.
Dimanche, ils étaient des milliers de manifestants à marcher à Casablanca, à l’appel des centrales ouvrières de l’UMT, la FDT et la CDT, qui ont engagé un bras de fer avec le gouvernement sur plusieurs revendications, dont la réforme du régime de retraite. Le mouvement de protestation de dimanche intervient, selon les organisateurs, à l’attitude négative du gouvernement qui a ignoré les appels au dialogue des centrales ouvrières. La marche, qui a sillonné plusieurs avenues de la capitale économique du royaume, s’est déroulée dans le calme, les manifestants ayant brandi des pancartes portant les revendications des syndicalistes.
Dialogue social en panne
En fait, le dialogue social au Maroc est en panne depuis avril 2011. Aucun accord n’a pu être obtenu entre le gouvernement et les syndicats, notamment sur la réforme du régime des retraite. La grogne des syndicats a été exacerbée par le gouvernement Benkirane qui avait transmis en octobre dernier une première mouture du texte portant réforme du régime de retraite de la fonction publique au Secrétariat général du gouvernement, sans consultation des syndicats. Selon ces derniers, la mouture du gouvernement »n’aurait pas pris en compte les revendications et propositions des centrales syndicales ». Face à une sorte d’impasse du dialogue social entre syndicats et gouvernement, le Premier ministre serait prêt à envoyer au Parlement le projet de réforme de la retraite avant la fin de l’année »avec ou sans l’accord des centrales syndicales », indique son entourage.
Cahier de revendications syndicales
Les revendications des syndicats soumis au Gouvernement portent sur une hausse générale des salaires et des pensions de retraite, la baisse de la pression fiscale sur les salaires et l’amélioration des revenus, l’augmentation à 6.000 dirhams (environ 600 euros) des revenus non imposables, le respect des libertés syndicales et du Code de travail, la suppression de l’article 288 du Code pénal relatif à la grève. En outre, les syndicats veulent »l’instauration d’une approche participative dans la réforme du système de retraite », et l’application des autres dispositions de l’accord du 26 avril 2011.