Les travaux de réhabilitation et d’extension de la raffinerie pétrolière de Sidi R’cine (Sud-est Alger), confiés fin 2016 à une société chinoise, « avancent bien » grâce à la prise en charge, par la Sonatrach, des différentes contraintes notamment celles liées au manque d’effectif.
C’est ce qu’a indiqué mardi le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, en assurant que le projet sera livré dans les délais, à savoir en octobre 2018.
« Aujourd’hui nous avons constaté que les choses se sont organisées et vont beaucoup mieux. On sent que le chantier a réellement démarré. Sonatrach, avec sa nouvelle direction, a repris les choses en mains », a déclaré le ministre à l’APS à l’issue d’une improviste visite d’inspection effectuée dans cette raffinerie, en compagnie du P-dg de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour et des cadres du secteur.
« Les contraintes posées au partenaire chinois ont été levées du moment qu’il va pouvoir mobiliser, en plus de quelque 2.000 employés chinois déjà opérationnels, 3.000 agents expatriés supplémentaires qui vont bientôt compléter l’effectif actuel », s’est réjoui M. Guitouni.
Le 18 juillet dernier, lors d’une première visite d’inspection à cette raffinerie, le ministre avait fait état d’un « chantier désordonnée », exhortant China petroleum Engineering and construction (CPECC) d’accélérer les travaux et de renforcer ses effectifs pour réaliser le projet dans les délais impartis.
Suite au mécontentement du ministre quant au retard pris dans la réhabilitation de cette raffinerie stratégique pour le pays, puisqu’elle couvre les besoins en produits pétroliers de 18 wilayas du centre, le Directeur du projet avait été alors relevé de ses fonctions en juillet et remplacé par nouveau cadre.
Pour rappel, un premier contrat de réhabilitation de la raffinerie d`Alger avait été conclu en 2010 avec la société française TechnipFMC, avant d`être résilié en 2015 à cause d’un énorme retard dans la réalisation.
Les responsables de CPECC, qui a décroché en novembre 2016 un nouveau contrat, de 45 milliards de DA, pour la réhabilitation de la raffinerie, avaient de leur côté justifié le retard enregistré par le manque des effectifs sur le chantier à cause d’un « problème de visa » pour le personnel chinois.
M. Guitouni a donc ordonné le recours aux compétences algériennes, notamment celles activant dans les grands travaux d’aménagement, pour combler ces insuffisances et accélérer la cadence de réalisation.
Ainsi, la Sontarch a procédé au renforcement su staff de la raffinerie en faisant appel à des cadres expérimentés activant dans les raffineries de Skikda et d’Arzew en plus d’une soixantaine de nouveaux ingénieurs, portant le nombre du staff local chargé du projet à 189 personnes en plus de quelque 1.700 employés chinois, a indiqué M. Bouaziz Salih, Directeur de la division raffinage.
En plus, la Sonatrach « a pu régler, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, le problème des Visas pour l’effectif chinois. Ainsi, 3.000 agents chinois vont rejoindre le chantier dès septembre prochain », a-t-il soutenu.
Selon le même cadre, les travaux d’engineering ont été achevés à presque 100%, la totalité des équipements nécessaires ont été installés alors que les travaux de construction sont à 59% actuellement. Ainsi le taux d’avancement physique du projet est estimé aujourd’hui à 81,32% contre 80,39% il y a un mois, selon lui.
Le projet de réhabilitation de la raffinerie d’Alger devrait permettre d’augmenter de 35% les capacités de traitement de cette unité, les portant de 2,8 millions de tonnes (Mt) par an d’hydrocarbures actuellement à 3,7 Mt. Il permettra également de produire des carburants aux normes internationales.
La raffinerie devrait ainsi voir sa capacité de production en gasoil passer de 737.000 tonnes/an à 1,18 million de tonnes/an, sa capacité de production d’essence passer de 400.000 t/an actuellement à 1,3 Mt et celle du GPL de 88.700 t/an à 270.000 t/an. Les capacités de stockage de carburants vont à leur tour augmenter de 73%.
Une unité de récupération de souffre et une autre de traitement des eaux
La création d’une nouvelle unité de récupération de souffre, un gaz nocif pour l’environnement et pour la santé, est également prévue par le projet. Ce gaz, qui était jusque là brûlé en torche, sera récupéré et valorisé, a fait savoir M. Bouaziz. D’autre part, le projet prévoit la création d’une unité d’épuration et de traitement des eaux évacuées par la raffinerie.
Pour ce qui est de la réalisation des nouvelles raffineries à Hassi Messaoud à Tiaret, le ministre a avancé que les discussions avec les partenaires étrangers « sont en cours et nous pensons avoir les sociétés réalisatrices entre janvier et février 2018 ».
La consommation nationale en carburants avait connu une augmentation annuelle de 7% ces dix dernières années, un accroissement induit à la fois par l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, l’augmentation du parc automobile national ainsi que les prix bas des carburants.
Pour répondre à cette demande en hausse continue, l’Etat a alors décidé de la réalisation de deux autres nouvelles raffineries à Hassi Messaoud (5 Mt/an) et Tiaret (5 Mt/an) dont la réception est prévue pour 2020.
Les capacités globales de raffinage de l’Algérie devront être portées à 40 Mt/an à l’horizon 2021 à la faveur de la réalisation de nouvelles raffineries et de la réhabilitation de celle d’Alger. L’Algérie serait alors autosuffisante en carburants et pourrait même exporter à partir de 2020, soit après l’entrée en service des nouvelles raffineries.
L’Algérie produit actuellement 11,5 Mt par an de carburants, contre une consommation globale de 15 Mt/an, alors que le déficit (3,5 Mt/an) est comblé par l’importation pour un montant de deux (2) milliards de dollars/an.