Les Tunisiens de moins de 35 ans voulant se rendre dans les pays arabes, en Algérie, en Libye ou au Maroc sont refoulés sans aucune explication par la police aéroportuaire tunisienne.
Dans un communiqué diffusé vendredi, qui dénonce ces pratiques des autorités tunisiennes, l’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) rapporte que ‘’les autorités Tunisiennes empêchent arbitrairement des citoyens de voyager à l’extérieur du pays, et ce au moins depuis mars 2015. Cette politique a affecté principalement des jeunes hommes et femmes de moins de 35 ans’’. Les autorités tunisiennes expliquent que cette mesure ‘’fait partie des efforts mis en œuvre pour empêcher les gens de rejoindre des groupes armés extrémistes à l’étranger’’. ‘’Pourtant, estime HRW, bloquer des citoyens à l’aéroport, sans ordonnance d’un procureur ou d’un tribunal, est une pratique arbitraire qui viole le droit tunisien et le droit international’’. ‘’Les autorités tunisiennes ont de bonnes raison d’essayer d’empêcher des citoyens de s’impliquer dans des activités criminelles en Syrie ou ailleurs, mais empêcher tous les voyages de Tunisiens uniquement en raison de leur âge est une approche dont la vaste portée est injuste et arbitraire’’, a affirmé Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. La police aéroportuaire de Tunis a, depuis l’attaque sanglante de Sousse, qui a coûté la vie à 38 touristes étrangers, ‘’empêché un nombre croissant de Tunisiens de moins de 35 ans de voyager vers certains pays sans autorisation légale de leur père’’, selon HRW. Rafik Chelli, Secrétaire d’Etat à la Sûreté nationale auprès du Ministère de l’Intérieur, a confirmé l’ordre donné par le ministère à toutes les polices des frontières, exigeant une autorisation parentale pour permettre à tout citoyen de moins de 35 ans de se rendre en Turquie, au Maroc, en Algérie ou en Libye.
Essid Confirme
Les preuves rassemblées par Human Rights Watch ‘’montrent que ces interdictions s’appliquent désormais aux hommes comme aux femmes, en dehors de toute procédure judiciaire’’, ajoute l’ONG. De son côté, le Premier ministre tunisien Habib Essid avait affirmé dans la nuit de jeudi à vendredi devant le Parlement que 15.000 jeunes Tunisiens avaient été empêchés de rejoindre les jihadistes dans des zones de conflit. Les autorités tunisiennes avaient précédemment fait état de près de 12.500 départs empêchés et d’environ 500 jeunes revenus en Tunisie et « suivis de près ». Par ailleurs, des experts de l’ONU ont appelé vendredi 10 juin à endiguer le flux de jeunes Tunisiens ralliant des jihadistes à l’étranger, estimant que leur nombre, notamment en Syrie et en Libye, dépassait les 5.500.