La désormais ex-première ministre du Québec Pauline Marois a perdu son pari. Après seulement 18 mois de règne Mme Marois a provoqué des élections anticipées en misant sur son projet de charte de la laïcité, qui prévoyait entre autres l’interdiction du port des signes religieux dans la fonction publique, les hôpitaux et les garderies. Ses « maghrébins » ont échoué avec elle. Ce qui n’a pas déplu à la majorité.
En voulant surfer sur la vague identitaire qui fait florès en occident, Mme Marois s’est a fait soufflé un « vent mauvais » attiré les critiques d’une large partie de la population immigrante. De mémoire de néo-québécois, on n’a jamais vu par exemple autant la communauté musulmane s’exprimer. D’ailleurs une grande manifestation a même eu lieu à Montréal contre la charte, composée essentiellement de musulmans. Involontairement, l’ex-première ministre a réussi à rendre visible la communauté musulmane, particulièrement maghrébine, elle qui était cantonnée essentiellement dans les débats sur l’emploi. Le projet de charte a ainsi fait passer les maghrébins du statut de main d’œuvre à celui de citoyen, s’exprimant sur des sujets politiques. De ce fait, la population immigrante est devenue un enjeu électoral. Quelques semaines avant l’élection des courriels ont beaucoup circulé dans la communauté maghrébine l’appelant à exercer son droit de vote, et surtout à voter contre le parti québécois. Dans certaines mosquées, des imams ont insisté pour que les fidèles aillent aux bureaux de vote pour exprimer leur voix.
Les maghrébins ont voté
Les électeurs d’origine maghrébine ont-ils fait chuter le gouvernement Marois ? Il est difficile de le dire en l’absence de chiffres. Cependant, il apparaît clairement que les Maghrébins ont pris le chemin du bureau de vote plus que les fois précédentes. Chose certaine, ils sont désormais sur la carte politique du Québec. La tentative du parti québécois de placer des candidats d’origine maghrébine, comme Djamila Benhabib, une défenseure acharnée de la charte de la laïcité, n’a visiblement pas été une carte gagnante. Elle a obtenu 25% des voix, soit la moitié de son adversaire libérale. Rachid Bandou, l’autre candidat du Parti québécois, d’origine maghrébine n’a obtenu que 8% des voix dans une circonscription à forte population immigrante. Yasmina Chouakri, qui était candidate du PQ dans l’est de la ville de Montréal a obtenu 23% des voix. Lors de cette élection, le parti québécois a reçu une des plus sévères raclées de son histoire avec seulement 30 sièges dans le nouveau Parlement, alors que le parti libéral dont la réputation a été sérieusement entachée par des soupçons de corruption et de financement illégal a obtenu 70 sièges, soit la majorité absolue. Quant à la participation, elle a été de plus de 71 %, ce qui est un score relativement bon en occident. Pendant la campagne électorale, on trouvait dans les commerces maghrébins un dépliant d’élections Québec (organisme officiel), invitant les membres de la communauté à s’inscrire sur les listes électorales, à participer au débat et à se faire entendre. Le document était intitulé : Le 7 avril je vote Inchallah. Apparemment l’appel a été entendu.