L’Algérie, qui importe annuellement 7 millions de tonnes de blé principalement de France, du Canada et d’Allemagne, aurait décidé officiellement de s’approvisionner auprès de la Russie.
«L’Algérie est extrêmement intéressée par l’importation de blé russe et envisagera cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l’inspection», indique un communiqué du ministère Russe de l’Agriculture, récemment. Il précise que «la décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de l’inspection du lot de blé d’essai qui sera envoyé à l’Algérie dans un avenir proche».
Actuellement, les tests sont faits et la question de l’intérêt que porte l’Algérie pour le blé russe ne se pose plus. Par contre, c’est la rupture des importations du blé français qui semble problématique. En effet, l’Algérie, qui importe annuellement 7 millions de tonnes de blé principalement de France, du Canada et d’Allemagne, aurait décidé officiellement de s’approvisionner auprès de la Russie et des suspendre les importations provenant de France.
D’ailleurs, selon l’Agence Reuters, le secrétaire d’Etat français chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, a demandé à l’agence Business France qui assure la promotion de groupes français sur les marchés mondiaux, de préparer une visite d’exportateurs français en Algérie au premier trimestre de l’année prochaine pour étudier la question, ce qui laisse entendre que le problème est « sérieux » et qu’il peut mettre les céréaliculteurs français dans une situation délicate, notamment après que l’Egypte, qui est le plus grand importateur de blé dans le monde, a cessé d’importer le grain français en 2014. Interrogé sur le degré de sérieux de cette idée du côté algérien, Ferhat Ait Ali, expert spécialisé dans les questions économiques et financières, estime que c’est « envisageable » et que rien n’empêche l’Algérie d’acheter son blé en Russie plutôt qu’en France.
Il considère même que c’est plus opportun pour l’Algérie d’importer le blé russe que le blé français, notamment pour des considérations économique. « Il est vrai que le transport depuis Novorossisk est plus cher que Toulon ou Cherbourg, et que les récoltes russes ne sont pas fiables ni garanties chaque année, mais les prix sont négociés hors bourse et il peut y avoir des compensations sur l’armement», estime-t-il.
De plus, le blé français est jugé « trop humide » par les experts en la matière. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle l’Egypte a rompu ses importations à partir de la France. En effet, en 2014, l’Autorité générale chargée de l’approvisionnement égyptienne (GASC) a interdit l’achat de grains contenant plus de 13% d’humidité alors que le blé en provenance de France, selon les chiffres officiels de FranceAgrimer , en contient 13,5%.
Quand on sait qu’une première opération d’importation de blé russe par l’Algérie a eu lieu en 2017 avec un volume correspondant à cinq millions de dollars et que la volonté de continuer sur la même lancée est exprimé officiellement, peut-on s’attendre à une crise avec la France qui a déjà commencé à exprimer ses inquiétudes ?