Comme pressenti par nombre d’observateurs, la Présidence Tebboune a saisi l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution nationale pour gracier certains détenus d’opinion.
Cette grâce a touché une dizaine de détenus dont le journaliste, Ihsane El Kadi, dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants en Algérie – Interface Médias, éditeur de Radio M et de Maghreb Emergent, ainsi que le militant anti-gaz de schiste, Mohad Gasmi.
Même si cette libération n’a pas concerné d’autres détenus, laissant un gout amer chez beaucoup de familles, le geste n’a pas manqué d’être salué par certains militants et acteurs politiques.
« On souhaite que le dossier des détenus soit clôturé définitivement avec la libération de l’ensemble des détenus d’opinion, l’arrêt de la répression et l’ouverture des champs politique, civique et médiatique » a écrit le militant des droits humains, Said Salhi, sur son compte Facebook.
« Des détenus politiques et d’opinion viennent d’être libérés. Le RCD qui n’a pas cessé d’être à leurs côtés et de plaider leur innocence, accueille avec un immense soulagement leur libération », s’est réjoui de son côté le RCD.
« Notre Rassemblement tient, également, à rendre hommage aux détenus pour leur courage et leur résilience dans la lutte face aux dures épreuves durant toute la période de leur incarcération injuste. Il ne peut oublier de saluer toutes celles et tous ceux qui ont œuvré sans cesse et dans la difficulté pour la défense de leurs droits et leur soutien durant les longs et différents procès devant une justice aux ordres », a ajouté le parti dans un communiqué rendu public aujourd’hui.
Pour sa part, le FFS s’est dit soulagé par la libération de nombreux prisonniers d’opinion suite à l’adoption d’une grâce présidentielle.
Le Front des forces socialistes considère ces mesures comme un bon signe et un pas dans la bonne direction pour établir un climat de détente et de reconstruire la confiance entre la société et les institutions de l’État, « ouvrant ainsi la voie à un dialogue national inclusif ».
Des libérations et des interrogations
Dans un contexte politique marqué toujours par la fermeture politique et médiatique, quelques semaines après une élection présidentielle massivement boycottée par les Algériens, cette décision des autorités prête cependant à beaucoup d’interprétations.
S’agit-il d’un premier geste d’apaisement, en attendant d’autres, visant à créer les conditions, comme l’appelle de son vœu l’opposition, pour un dialogue inclusif ? Ou bien s’agit-il d’une manœuvre destinée à desserrer l’étau de la pression populaire sur un pouvoir de plus en plus isolé, en plus de la perspective de la restructuration de la scène politique ?
Quoi qu’il en soit, la mesure de grâce a permis de soulager des familles éprouvées pendant plusieurs mois. Et pour peu qu’il y ait une réelle volonté politique, cette grâce peut constituer une amorce à d’autres mesures plus audacieuses pour rétablir la confiance et jeter les bases d’une véritable construction démocratique pour assoir la souveraineté populaire.