Les puissances occidentales ont appelé vendredi à une solution politique en Libye. Elles ont, toutefois, soigneusement évité de condamner la campagne militaire anti-islamistes menée par le général Khalifa Haftar. Elles semblent attendre de mieux mesurer sa capacité à re-centraliser le pouvoir et, surtout, à affaiblir les milices islamistes.
Les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne Unis ont appelé hier les parties en conflit en Libye à régler leurs différends par des moyens politiques. Dans une déclaration conjointe citée par des agences de presse internationales, ils ont estimé que ce pays se trouvait à « un carrefour » et exprimé leur « profonde » inquiétude devant les « actes de violence répétés » qu’il connaît. Ils se sont engagées à faciliter le dialogue entre les parties en conflit, en coordination avec les Nations unies.
Cette prise de position euro-américaine intervient sur fond d’affrontements, qui durent depuis plus d’une semaine, entre les forces anti-islamistes du général à la retraite Khalifa Haftar et les milices islamistes. Ces affrontements, qui ont déjà fait des dizaines de victimes, se déroulent principalement dans l’est de la Libye, où les organisations armées d’obédience islamiste sont aussi fortes que nombreuses.
Washington prend ses distances avec Khalfa Haftar mais…
Soutenu par plusieurs hauts dirigeants de l’armée (les chefs d’état-major de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la marine), le général Haftar paraît déterminé à continuer sa campagne contre les forces islamistes qu’il accuse de semer l’« anarchie » en Libye. Il revendique la constitution d’un conseil présidentiel qui dirigerait le pays.
Les forces islamistes, notamment les Frères musulmans, l’accusent de mener un coup d’Etat contre la « légitimité », incarnée à leurs yeux par le Parlement. Elles n’hésitent pas à le comparer au maréchal égyptien Abdelfatah Al Sissi, qui a mis fin au pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.
Les Etats-Unis ont officiellement pris leurs distances vis-à-vis de Khalifa Haftar, d’autant plus soupçonné d’agir pour leur compte qu’il leur doit sa libération des geôles tchadiennes en 1990 après qu’il ait été fait prisonnier lors de la guerre tcahdo-libyenne pour le contrôle de la bande d’Aouzou (1978-1987). « Nous ne soutenons, ni n’approuvons ses actions sur le terrain, pas plus que nous ne lui portons assistance », a déclaré un porte-parole du département d’Etat. Il n’en reste pas moins que les Américains évitent soigneusement de condamner l’action de ce général alors qu’elle est menée contre un pouvoir, le Parlement, qu’ils ne considèrent pas officiellement comme étant illégitime. Ils semblent, en effet, attendre de mieux mesurer la puissance de leur allié objectif avant de se déterminer vis-à-vis de son projet d’élimination des organisations islamistes armées par la violence.
La même prudence marque, d’ailleurs, la déclaration des puissances occidentales sur la Libye publiée hier vendredi. Tout en appelant à une issue politique au blocage de la situation en Libye, elles n’ont pas condamné non plus l’action du général anti-islamiste. On peut légitimement penser que la recentralisation du pouvoir autour de lui et, surtout, l’affaiblissement des milices islamistes ne seraient pas pour leur déplaire.