Dans un nouveau rebondissement qui secoue l’industrie sidérurgique algérienne, le P-DG du groupe Sider a été démis de ses fonctions dimanche, sur décision du groupe SNS (ex-Imetal), rapporte le journal El Watan. Cette éviction, entérinée lors d’une assemblée générale extraordinaire, intervient dans un contexte de turbulences majeures au sein du secteur.
Le premier coup de théâtre survient dès la désignation du successeur par intérim. M. Belabbes, cadre dirigeant pressenti pour assurer la transition, a décliné l’offre, plongeant le groupe dans une situation d’incertitude managériale. Une décision inattendue qui témoigne des tensions qui traversent actuellement le groupe industriel.
Ce limogeage s’inscrit dans le sillage des récentes secousses qui ont ébranlé le ministère de l’Industrie. L’incarcération des P-DG de deux filiales stratégiques – l’EPE Fondal et l’EPE Al SOLB (ex-Sider El Hadjar) – pour des pratiques irrégulières, a mis en lumière des dysfonctionnements profonds dans la gouvernance du groupe.
Au cœur des accusations figure un manque patent de contrôle sur les décisions de l’ancien P-DG du complexe Al SOLB. Les investigations ont révélé des irrégularités flagrantes dans la gestion des ressources humaines, notamment des “recrutements et promotions non réglementaires” effectués en dehors de tout cadre légal, court-circuitant le conseil d’administration.
La réaction du groupe ne s’est pas fait attendre. Un audit de contrôle, déjà en cours depuis plusieurs jours au sein du complexe sidérurgique, vise à faire toute la lumière sur ces pratiques contestées. Première victime collatérale de ces investigations : le directeur des ressources humaines d’Al SOLB, limogé pour avoir validé des embauches non conformes à la réglementation.
Enquête sur des soupçons de pratiques illégales et de corruption présumée
Le pôle pénal, économique et financier de Sidi M’hamed a ordonné, dans la nuit du 29 octobre, le placement en détention provisoire de plusieurs figures impliquées dans une affaire de corruption d’envergure. Parmi les mis en cause figurent un homme d’affaires bien connu, “Nounou Manita” d’Oran, le fils d’un ministre en poste, ainsi que des responsables de haut rang des entreprises publiques Fondal et Sider El Hadjar, rapportent les madias.
L’enquête révèle que plusieurs dirigeants et un homme d’affaires auraient conclu des contrats jugés illégaux avec des filiales du groupe Imetal, l’un des géants de l’industrie métallurgique en Algérie. “Nounou Manita”, homme d’affaires influent et proche du fils d’un ministre, aurait admis avoir versé une somme d’argent à ce dernier, dans ce qui semble être un échange de faveurs visant à faciliter certaines transactions douteuses.
Vers une restructuration du secteur sidérurgique ?
Cette cascade de limogeages illustre la volonté apparente d’assainissement au sein du secteur industriel public. Elle soulève néanmoins des questions sur la profondeur des dysfonctionnements dans la gestion des entreprises publiques stratégiques et sur l’efficacité des mécanismes de contrôle existants.
L’affaire, qui continue de connaître des développements, pourrait annoncer une restructuration plus profonde du secteur sidérurgique. Le refus de M. Belabbes d’assurer l’intérim laisse présager des tensions internes qui pourraient compliquer la mise en place d’une nouvelle gouvernance.
Dans l’immédiat, le groupe SNS se trouve face au défi urgent de désigner une nouvelle direction capable de restaurer la confiance et d’assurer la continuité des opérations.