L’étude d’IQVIA relève que le marché des médicaments algérien est un marché « attrayant » occupant la troisième place dans la région MENA.
La production locale de médicaments est au bord de l’implosion. Faute de débouchés à l’international, et surtout d’une vision à long terme, celle-ci risque de partir en éclats, minée qu’elle est déjà par une politique de tarification des produits pharmaceutiques obsolète.
C’est le constat qu’a livré le Docteur Abdelouahed Kerrar, Président de l’UNOP (Union nationale des opérateurs de pharmacie) à la faveur de la présentation d’une étude inédite livrée par IQVIA, cabinet international de référence pour la fourniture d’informations et statistiques des marchés pharmaceutiques internationaux.
L’étude en question a été commandée par l’UNOP est a pour but de répondre à la question : « Les prix des médicaments en Algérie sont-ils plus chers que ceux des pays du benchmark ?»
D’un coût de 3 millions de dinars, cette étude a été initiée suite à la persistance de la non valorisation du prix des médicaments fabriqués en Algérie, indique-t-on.
A en croire le Président de l’UNOP, cette étude est capable de constituer le déclic permettant de réunir enfin les autorités publics et les producteurs nationaux autour d’une même table pour discuter de l’avenir de la filière de la production pharmaceutique nationale et surtout tirer des enseignements de cette même étude afin d’échafauder une politique idoine pour le médicament.
Lors des débats qui ont émaillé la journée de présentation de cette étude, la problématique des prix était récurrente. Les prix actuels vont à terme «casser la dynamique de croissance et surtout le développement de la production locale, indispensable à la réalisation des objectifs de la politique nationale de santé publique », a martelé le Président de l’UNOP.
La modification du cadre juridique relatif aux prix des médicaments demeure la « seule solution » pour permettre une bonne croissance de l’industrie pharmaceutique en Algérie au bénéfice de l’économie nationale, a-t-il estimé tout en appelant à imaginer d’autres sources de financement pour l’organisme de sécurité sociale.
« Il ne faut pas taper uniquement sur le médicament», a-t-il fait savoir en suggérant de puiser dans d’autres sources plus adéquates comme la taxation du tabac ou des usines polluantes par exemple. Il a avancé qu’il était possible de concilier entre l’objectif consistant à assurer un accès élargi aux soins, avec celui, non moins important, de rémunérer correctement les producteurs et leur permettre ainsi de se développer leur industrie.
L’étude d’IQVIA relève que le marché des médicaments algérien est un marché « attrayant » occupant la troisième place dans la région MENA, et révèle que le pays « maintient une croissance régulière de 6,6 % pour atteindre 4.1 milliards de dollars en 2021 ». Un taux enviable à l’échelle régionale. L’étude relève que «l’application des prix des plus bas pourrait affecter le potentiel d’exportation et décourager dans la foulée les investisseurs ».
Elle indique également que cette tarification à la baisse « va inévitablement retarder le lancement de nouveaux produits dans le pays », notamment les produits innovants. « Pour se mettre à l’industrie des biotechnologies et prendre ce train en marche il faut faire des choix courageux », a conclut le président de l’UNOP.