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Présidentielles 2014

Malgré des choix tranchés, Nabni ne soutiendra pas de candidat à la présidentielle algérienne

Par Maghreb Émergent
janvier 29, 2014
Malgré des choix tranchés, Nabni ne soutiendra pas de candidat à la présidentielle algérienne

Invité de Radio M, M.Abdelkrim Boudraa, porte-parole de Nabni, affirme la volonté du réseau de ne pas s’engager dans la présidentielle en faveur d’un candidat. Mais si Nabni n’a pas encore plongé en politique, il continue à s’en imprégner.

 

Nabni garde le cap. Ce think-tank actif et très médiatique ne veut pas s’engager dans la campagne pour la présidentielle d’avril 2014, malgré les sollicitations et les pressions. S’accrochant à son rôle de producteur d’idées, Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles Idées) aspire à traverser cette étape en en préservant son indépendance, tout en souhaitant que ses idées trouvent un meilleur écho auprès des acteurs politiques et économiques.

Son porte-parole, Abdelkrim Boudraa, reconnait volontiers une certaine maladresse quand Nabni avait, au lendemain de sa création, affiché qu’il était « apolitique ». D’autant plus que son itinéraire l’a amené à aller sur le terrain politique, en proposant des mesures liées à la gouvernance et à la refondation des institutions. M. Boudraa préfère dire que les membres de Nabni «ne sont pas partisans». L’organisation souhaite que ses propositions puissent traverser tous les courants politiques. Le réseau Nabni veille d’ailleurs à remettre ses documents à tous les partenaires politiques et économiques, gouvernement, partis d’opposition, syndicats et personnalités. Pour l’élection présidentielle, un consensus s’est dégagé pour que les membres de Nabni évitent d’avoir des rôles dans la campagne électorale, auquel cas ils prendraient congé de l’association. « Individuellement, chacun a le droit d’avoir des préférences ou des sympathies, mais le collectif Nabni restera en dehors du jeu », précise Abdelkrim Boudraa.

Risque de turbulences

A défaut de s’engager en faveur d’un candidat, Nabni affiche un programme qui montre clairement de quel côté ses membres ne risquent pas d’aller : celui de la politique économique menée par le président Abdelaziz Bouteflika. Les choses sont dites clairement. « L’Algérie se dirige vers des tensions sérieuses vers 2018-2020 si elle ne change pas de modèle économique », a déclaré M. Boudraa, qui affirmé, tranché : « il faut un virage stratégique ». A défaut, prévient-il, « l’Algérie risque de graves turbulences », rappelant l’image que Nabni a médiatisé depuis un an : le pays navigue vers un iceberg, tel le Titanic ; il faut amorcer le virage dès maintenant pour être prêts quand les recettes d’hydrocarbures ne pourront plus assurer les recettes en devises à un niveau aussi élevé.

Pour Nabni, il y a une « fenêtre d’opportunité jusqu’à 2015, pour réformer sans douleur. Mais d’ores et déjà, une année est perdue », selon M. Boudraa, qui note que le gouvernement n’a pas mis en œuvre de mesures préconisées par Nabni dans son rapport rendu public il y a un an. Dans un premier temps, l’organisation avait publié « cent mesures » pour l’Algérie, comprenant un large spectre de réformes à court terme. Le document avait pêché par son côté technique. Il avait été repris et complété, ce qui avait débouché sur la publication, le 26 janvier 2013, d’un « rapport » sur l’Algérie de 2020. Très élaboré, englobant des mesures politiques, économiques et institutionnelles, ce rapport s’est imposé comme un des documents les plus cohérents de l’année 2013.

La réforme ne fait pas consensus

Très médiatisé, le rapport avait pourtant été reçu fraichement par certains économistes et le monde des affaires. Et Nabni découvrait, curieusement, que la réforme économique ne faisait pas l’objet d’un consensus. Ainsi, Nabni a proposé des mesures concrètes pour réduire la dépendance envers la rente, avec notamment une politique volontariste pour ne plus financer le budget de fonctionnement par la fiscalité pétrolière. Mais cette démarche a été critiquée par « des économistes et par le monde économique », qui « trouvent leur compte dans la rente », constate M. Boudraa, pour qui l’Algérie est « intoxiquée à la rente ».

L’aisance financière conduit l’Algérie à dépenser sans mesurer l’impact de ses politiques. «On ne connait pas l’efficacité des politiques publiques », souligne M. Boudraa. Le gouvernement mène une politique généreuse pour l’emploi, l’école, les dépenses sociales, mais « on n’en connait pas l’efficacité », ajoute-t-il. Ce qui a poussé Nabni à proposer de combler cette lacune, en mettant en place un observatoire des politiques publiques. Peut-être qu’un candidat en fera un thème de campagne, ce qui n’est pas encore le cas, à deux mois et demi de la présidentielle.

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