Le baril va boucler deux mois avec un prix supérieur au seuil symbolique de 50 dollars. Rassurant pour l’OPEP, malgré le retour du schiste américain et l’effet Trump.
Le pétrole brent est repassé, en ce début de semaine, au-dessus de la barre des 55 dollars, après une semaine d’inquiétude qui a vu le baril baisser de manière régulière. Dans un marché nerveux, alimenté par de nombreuses incertitudes, chaque cent perdu était ausculté, pour tenter de savoir s’il s’agit l’amorce d’un nouveau cycle baissier ou de simples ajustements qui le maintiendraient nettement au-dessus de la barre symbolique de 50 dollars.
Malgré l’effet Trump, supposé accorder plus de facilités aux compagnies pétrolières et limiter les restrictions liées aux craintes sur l’environnement, le pétrole amorçait une hausse dès lundi. Mardi après-midi, le brent était à 55.64 dollars, après avoir gagné 41 cents (74%). Le WTI gagnait 51 cents (0.97%), pour s’établir à 53.26 dollars.
Les intentions prêtées au président américain Donald Trump d’opter pour une politique conciliante avec les compagnies pétrolières n’a pas encore produit son effet. Donald Trump devait mener, dans la journée, deux actions à forte charge symbolique et économique, selon la presse américaine. Il devait relancer la construction de l’oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux Etats-Unis, un immense projet bloqué par son prédécesseur Barack Obama. Il devait aussi relancer un projet d’oléoduc de la compagnie Energy Transfer Partners dans le Dakota du Nord. Le tracé de cet ouvrage avait été rejeté en décembre, après une mobilisation très médiatisée des Indiens et des organisations écologistes.
Le retour du schiste n’a pas encore fait son effet
La bonne tenue du prix du baril est toutefois considérée comme le résultat de facteurs conjoncturels. En premier lieu, la baisse du dollar, qui a reculé face à la plupart des monnaies. Lundi soir, l’euro avait même atteint son plus haut niveau depuis un mois, à 1,0772 dollars.
Plusieurs facteurs devaient jouer en défaveur du baril, mais leur effet reste limité. La hausse attendue de la production de schiste américain, confirmée par les analystes du marché, n’a pas encore atteint un seuil qui permettrait d’avoir un excédent significatif sur le marché. La semaine dernière a pourtant vu la plus grande augmentation du nombre de plateformes de forage, signe que les compagnies exploitant le schiste estimaient les prix suffisamment attractifs pour relancer les forages.
D’autres craintes étaient suscitées par la « faible » croissance de l’économie chinoise, à 6.8%, les incertitudes qui pèsent sur l’économie européenne à cause du Brexit et de l’effet Trump notamment, mais ces éléments n’ont pas eu d’impact significatif sur le baril.
Dans le même temps, l’OPEP, à l’issue d’une réunion d’évaluation avec les pays non OPEP, a exprimé sa satisfaction de voir les décisions de la rencontre de novembre dernier à Alger globalement respectées.
L’accord d’Alger a permis de soustraire 1.5 millions de barils/jour, ce qui permet d’envisager un marché relativement équilibré d’ici la fin du printemps. L’optimisme est de règle au sein de l’OPEP, où on estime que le marché pourrait désormais s’équilibrer sans mesures supplémentaires, avec la simple augmentation de la demande.
La polémique sur le gaz occulte le pétrole
De fait, le pétrole avait entamé une remontée significative à la mi-novembre, anticipant la réunion d’Alger, pour dépasser le cap symbolique des 50 dollars dès le demain de cette rencontre. Depuis, le pétrole s’est maintenu dans un plateau au-dessus de 50 dollars, malgré une forte hausse du dollar.
Pour l’Algérie, qui a réduit sa production de 50.000 barils/jour, l’actualité s’est cependant déplacée. Elle concerne le gaz, avec la polémique née entre la compagnie Sonatrach et la société française Engie. Celle-ci a laissé entendre que Sonatrach s’est révélée dans l’incapacité de fournir les quantités de gaz demandées, forçant la compagnie algérienne à répondre que la partie française a demandé des quantités supplémentaires non contractuelles, nécessaires en raison de froid qui sévit en France, et que Sonatrach n’est pas obligée de fournir.
Durant l’ère Chakib Khelil, Sonatrach s’était lancée dans des projets de grande envergure pour doubler ses capacités de liquéfaction, en vue d’atteindre 80 milliards de mètres cube d’exportations. Les nouveaux trains de liquéfaction, réalisés avec des compagnies italiennes, avaient laborieusement démarré, mais l’Algérie préfère désormais orienter sa production, en priorité, vers les marchés asiatiques, nettement plus rémunérateurs.