Premier fournisseur et premier client de l’Algérie, l’Union européenne a accentué sa domination sur le commerce extérieur algérien.
L’Europe a été le premier bénéficiaire de l’explosion des importations algériennes durant la dernière décennie. Selon une étude de l’économiste Abderrahmane Mebtoul, citant des chiffres des douanes algériennes, les importations algériennes en provenance de l’Union européenne ont été multipliées par 3.5 en une décennie, passant de huit milliards de dollars avant la mise en œuvre de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne en 202-2004, à 28,58 milliards de dollars en 2013.
Les exportations vers l’Union européenne ont elles aussi explosé, mais elles ont été multipliées par trois « seulement », contre 3.5 pour les importations. Autre handicap, les exportations algériennes sont constituées presque exclusivement d’hydrocarbures. Elles sont passées de 15 milliards de dollars en 2004 à 42,77 milliards de dollars en 2013.
Dans le même temps, les exportations algériennes vers les Etats-Unis, traditionnel client des hydrocarbures algériennes, ont fortement baissé, en raison de la poussée de l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis, et de la baisse des capacités d’exportation algériennes. La baisse s’est nettement accélérée en 2012, avec un chiffre record de -50.51% par rapport à 2012.
Fournisseur marginal pour les Etats-Unis
L’Algérie risque en fait de devenir un fournisseur marginal des Etats-Unis, sous l’effet conjugué de la baisse des importations américaines et de la rude concurrence du gaz russe et qatarie. Malgré ces déboires, l’actualité politique permet à Sonatrach d’espérer se maintenir, pour peu qu’elle soit en mesure d’assurer un niveau de production et d’exportation élevés, car l’Europe veut à tout prix limiter sa dépendance envers le gaz russe, et elle se méfie du fournisseur qatari, en raison de ses jeux troubles en politique internationale et de son soutien à des mouvements ou régimes islamistes dans plusieurs régions du monde.
En raison des retombées de la crise ukrainienne, et malgré les réserves de quelques pays, l’Europe a clairement affirmé sa volonté de se tourner vers de nouvelles sources d’approvisionnement autres que la Russie. Ce qui a provoqué un retournement de situation nettement favorable à l’Algérie, qui se demandait il y a quelques mois à peine si elle trouverait preneur pour son gaz, face à la concurrence de plus en plus rude, et face à l’hostilité européenne.
Un ancien PDG de Sonatrach met toutefois en garde. La situation actuelle est « conjoncturelle », et « le marché risque à nouveau de se retourner », prévient-il. Il rappelle que les crises « peuvent être réglées rapidement, et oubliées, comme ce fut le cas de la Géorgie ».
Promesses chinoises
La Chine, quant à elle, est devenue le premier fournisseur de l’Algérie en 2013, devant la France, mais elle reste loin derrière l’Union européenne. Les fournitures chinoises ont frôlé les cinq milliards de dollars (4.95) en 2013, mais elles représentent à peine un peu plus d’un sixième de ce que l’Europe vend à l’Algérie.
La même tendance se maintient pour 2014. Durant le premier trimestre de cette année, les échanges avec l’Union européenne ont atteint 18,07 milliards avec les pays de l’UE, ce qui représente près des deux tiers (59,72%) du commerce extérieur de l’Algérie, selon le centre national des statistiques des douanes.
Le partenaire chinois est toutefois très choyé par l’Algérie. Avec sa forte croissance, la Chine reste le marché le plus prometteur pour le gaz algérien sur le long terme. Cette option est favorisée par la nature du marché chinois, qui reste sensible aux injonctions d’un régime politique autoritaire susceptible d constituer une bouée de sauvetage pour le gaz algérien.