La fusion « internationale » des deux groupe ne s’est pas encore traduite au Maroc, où le gouvernement l’a autorisée au grand dam du Conseil de la concurrence, qui, aux termes de la loi, doit examiner toute fusion impliquant des entreprises pouvant détenir après leur union plus de 40% du marché.
La fusion entre les deux leaders mondiaux du ciment Holcim et Lafarge ne s’est toujours pas concrétisée au Maroc, où elle est très redoutée. Dans une déclaration rapportée par L’Usine nouvelle, Rachid Seffar directeur général de Holcim Maroc, a été catégorique : « Les deux entreprises restent deux sociétés concurrentes » sur le marché local, même si, entre elles, les discussions sont « toujours en cours » en vue d’une éventuelle union.
L’union entre les deux cimentiers internationaux devrait leur permettre de devenir le 1e groupe mondial du ciment. Au Maroc, où ils sont dominants avec plus de 50% de parts de marché, elle suscite des inquiétudes sur le risque d’abus de position dominante. Le gouvernement marocain aurait donné son accord pour cette fusion au grand dam des acteurs de l’industrie du ciment et du Conseil de la concurrence, qui a émis ses réserves. Pourtant, la loi marocaine est claire : toute fusion doit obligatoirement être soumise par le Chef du gouvernement à l’avis de ce Conseil, quand elle implique des entreprises qui détiendront plus de 40% du marché.
En avril dernier, Mario Bracci,le directeur général Ciments du Maroc (Cimar), un des principaux acteurs du marché marocain du ciment, aux côtés de Lafarge et Holcim, prévenait que la fusion allait créer un acteur largement dominant en parts de marché et allait probablement avoir des conséquences avec un repositionnement des différents acteurs. « Avec 55% de parts de marché, ce nouvel opérateur aura une position dominante », déclarait-il à L’Usine Nouvelle.
Contacté par Médias 24, le ministre des Affaires générales marocain, Mohamed Louafa, a réfuté le moindre risque de cartel ou de suspicion d’entente entraîné par l’éventuelle future fusion des deux mastodontes du ciment marocain. De nombreuses réunions auraient été organisées avec Lafarge, Holcim ainsi qu’avec les concurrents qui, selon lui, n’ont émis aucune objection ni fait état d’aucune menace pour l’avenir de leur entreprise.
Holcim Maroc : un chiffre d’affaires en recul de 9% au 1er semestre
Par ailleurs, Holcim Maroc a présenté à la presse et aux analystes financiers à la Bourse de Casablanca les résultats de son activité au cours d’un 1er semestre 2015, jugé « difficile », avec une baisse de la consommation et des difficultés rencontrées par les promoteurs immobiliers.
L’entreprise a ainsi enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard de dirhams à fin juin 2015, en recul de -9% par rapport au 1er semestre 2014.
Le secteur BTP inquiète
D’après Rachid Seffar, dont les propos ont été rapportés par L’Uinse Nouvelle, l’ensemble du secteur BTP inquiète du fait que « la sinistralité a été importante depuis fin 2011 et début 2012 ».
Ce début d’année a été marqué par les résultats financiers alarmants de trois des quatre grands groupes immobiliers du Maroc. La CGI, filiale immobilière du puissant groupe public Caisse de dépôt et de gestion (CDG), a ainsi annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 28% et un résultat prévisionnel réduit de 51% par rapport à 2013.
Rachid Seffar rappelle que le groupe Holcim essaie de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer par rapport à ce risque-là et de pouvoir avoir des taux de créances douteuses les plus bas possible. Il rassure qu’il n’y a pas de gros risque pour son groupe, le niveau de ces créances étant inférieur à 0,5% du chiffre d’affaires.