La France fait face à une situation sans précédent dans ses exportations de blé vers l’Algérie. Selon les déclarations de Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer, faites ce mercredi 15 janvier 2025, le marché algérien est désormais “quasi, voire complètement fermé” aux exportations françaises de blé.
Cette fermeture, résultat de la détérioration des relations diplomatiques entre Paris et Alger, transforme radicalement des décennies d’échanges commerciaux entre les deux pays. Bien que les exportateurs français continuent de soumettre des offres, l’Algérie ne donne plus suite à ces propositions.
“Sur une campagne comme celle-ci, où notre disponible à l’exportation est limité, cela reste un moindre mal”, nuance M. Piètrement. Cependant, il met en garde contre l’illusion d’une amélioration rapide, soulignant que la reconquête de ce marché historique pourrait s’avérer longue et complexe, même en cas de retour à une production nationale normale.
Le contexte global s’avère particulièrement défavorable pour les exportations françaises de blé tendre pour la campagne 2024-2025. Les prévisions d’exportations vers les pays tiers atteignent leur plus bas niveau depuis 2000-2001, avec seulement 3,5 millions de tonnes, selon Habasse Diagouraga, analyste économique de FranceAgriMer.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs conjugués. Outre les tensions diplomatiques avec l’Algérie, la filière française fait face à une concurrence accrue du blé ukrainien sur le marché européen, particulièrement en Espagne. Par ailleurs, le désengagement notable de la Chine, qui représentait un débouché majeur notamment pour l’orge française, contribue à fragiliser les exportations.
Cette confluence de facteurs défavorables a conduit à une augmentation significative des stocks français, estimés à 1,61 million de tonnes à la fin de la campagne 2024-2025, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 2008-2009.
Yasser Kassama