De nouveau, les syndicats marocains reviennent à la charge et rappellent au gouvernement que le dialogue social autour des revendications socioprofessionnelles est toujours en panne. Un des trois syndicats les plus représentatifs du Maroc, l’UMT, a même appelé à une grève nationale jeudi 2 avril dans la fonction publique.
Avec au menu l’examen des moyens d’amener le gouvernement, dirigé par le parti de la Lampe (PJD, islamiste- modéré), à répondre à leurs revendications, l’Union marocaine du Travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (CDT), vont se réunir cette semaine, après l’expiration de l’ultimatum qu’ils ont fixé au gouvernement pour répondre à un mémorandum qui lui a été récemment adressé. Entre autres revendications, les trois syndicats exigent une réponse claire du gouvernement quant à leur revendication de relèvement des salaires dans la fonction publique. En outre, ils pressent le gouvernement de reprendre le dialogue social, en particulier autour du projet d’Abdelilah Benkirane de réviser le régime de retraite au Maroc, et plus globalement sur la mise en œuvre de tous les engagements pris par l’exécutif dont ceux en suspens et relatifs à l’accord du 26 avril 2011, dont l’augmentation des salaires et des pensions, la réforme du système de retraite, outre le respect des libertés collectives et individuelles, particulièrement la liberté syndicale et le droit de grève.
Dialogue social, la procrastination
Le gouvernement, qui n’a pas encore programmé la date du sommet social revendiqué par les centrales syndicales, a récemment expliqué par la voie de son porte parole Mustapha El Khalfi qu’il (le gouvernement) est ‘’engagé dans la mise en œuvre de ses engagements pris dans le cadre du dialogue social, qui n’est pas gelé ». Le gouvernement dirigé par les islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) a consacré 24,8 milliards de dirhams entre 2012 et 2014 à la mise en œuvre de l’accord du 26 avril 2011 et des accords sectoriels, a-t-il dit. En mai dernier, et pour calmer le front social, le gouvernement Benkirane avait annoncé une hausse de 10%, en deux tranches, du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG), soit 5% à partir du 1er juillet 2014 et 5% en juillet 2015.
Pas suffisant, selon l’UMT
Pas suffisant, selon l’UMT, qui a appelé à une grève nationale jeudi prochain dans le secteur de la fonction publique, des communes locales et des institutions publiques à caractère administratif. Dans un communiqué, la centrale syndicale explique que cette grève a été programmée pour dénoncer et protester contre la ‘’procrastination que connait dialogue social’’. Cette grève à laquelle appelle l’UMT intervient dans le sillage des critiques syndicales relatives au report devenu systématique du dialogue social par le chef du gouvernement. Selon les responsables de l’UMT, l’appel à la grève fait suite à l’entêtement du gouvernement à faire passer son projet de réforme de la retraite sans consulter ni établir un débat avec les centrales syndicales. Dans ce projet de réforme, le gouvernement avait proposé en 2013 de repousser l’âge légal de départ à la retraite dans la fonction publique au Maroc, qui devrait passer progressivement de 60 ans actuellement à 62 ans en 2015, avant de le fixer à 65 ans en 2021.