Dans un rapport parlementaire publié par la commission thématique chargée par la Chambre des représentants d’évaluer l’impact des politiques publiques sur le monde rural, il ressort que le programme de raccordement à l’eau potable en zone rurale n’a pas encore réussi à couvrir la totalité du monde rural.
C’est en effet 28% de la population rurale, soit 1,3 million de citoyens, qui n’auraient pas accès à l’eau potable. Les causes de cette situation sont multiples. Le rapport, relayé par Akhbar Al Yaoum, avance tout d’abord des causes naturelles telles que la raréfaction de l’eau. A cela s’ajoutent la surexploitation de la nappe phréatique et certains problèmes logistiques et de distribution.
Le rapport fait également état de causes socio-économiques, puisque pour avoir accès à l’eau potable dans le monde rural, il faut payer 3.500 dirhams pour être lié au raccordement. Les fontaines publiques elles aussi pratiquent des coûts élevés par rapport au pouvoir d’achat des ruraux, le mètre cube d’eau coûtant entre 6 et 10 dirhams, ce qui limite la consommation moyenne d’eau à 8,3 litres d’eau par jour, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise au moins 20 litres par jour.
Disparités dans l’accès à l’eau
Le rapport fait également état de disparités entre régions en termes d’accès à l’eau potable. Et c’est la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui enregistre le taux le plus bas avec 82% d’accès à l’eau potable, soit 13% de moins que la moyenne nationale.
Des disparités entre les provinces sont également rapportées. Si deux provinces (Berrechid et Inezgane-Ait Meloul) n’ont pas le moindre problème en termes d’accès à l’eau potable, ce n’est pas le cas de sept provinces (Ifrane, Tantan, Figuig, Sefrou, Taounate, Taza, Moulay Yacoub) dont la moitié de la population souffre de dysfonctionnements au niveau du raccordement.
La réalité de la raréfaction de l’eau ne touche pas seulement le monde rural. Selon un rapport de l’institut américain Water ressources institute publié en août 2015, le stress hydrique s’installera au Maroc d’ici 25 ans. Charafat Afilal, ministre déléguée chargée de l’eau, nous a récemment confié que « le Maroc dispose d’un potentiel en eau relativement important mais qui reste limité face aux besoins grandissants sous l’effet de l’accroissement de la population et du développement socio-économique. Ce potentiel est caractérisé par une forte irrégularité dans le temps et une grande disparité territoriale. Ce potentiel est en plus menacé par les effets des changements climatiques »