Dans l’incapacité de rembourser ses dettes estimées à 3,7 milliards d’euros, la S.A.M.I.R avait gelé ses activités en août dernier, et avait alerté des pertes colossales dans son exercice 2015. Sa fermeture rendrait le royaume marocain qui consomme environs 300 000 barils de produits pétroliers par jour, entièrement dépendant des importations.
La plus importante raffinerie pétrolière marocaine S.A.M.I .R, est officiellement déclarée ce 21 mars, en liquidation judiciaire. Le tribunal de Casablanca a prononcé son verdict, et l’entreprise a dix jours pour pourvoir en cassation. En arrêt de production depuis l’été dernier, la S.A.M.I.R, a alerté cette semaine sur l’importance des pertes enregistrées dans son exercice 2015, rapporte l’agence Reuters.
Dans l’incapacité de remboursement de ses dettes envers l’État marocain, les banques et les fournisseurs, estimées à 3,7 milliard d’euros, la S.A.M.IR a suspendu en août 2015, temporairement sa production estimée à 200 000 barils par jour. La pétrolière marocaine a ensuite introduit une requête devant le tribunal de commerce de Casablanca pour une procédure de règlement à l’amiable avec les banques. Cette demande a reçu une réponse favorable le 31 décembre, et « des experts ont été désignés par le juge pour évaluer la situation et, le 20 janvier, ils ont démarré les consultations avec les créanciers », selon Jeune Afrique. Une saisie des comptes bancaires de la société a été décidée par l’administration des douanes en aout 2015, afin de récupérer une créance de 13 milliards de dirhams.Les actionnaires de l’entreprise (le groupe suédo-saoudien Corral Petroleum Holding 67,27 %, et groupe marocain Holmarcom à 5,78%, et 26,95% par le flottant à la bourse de Casablanca), avaient décidé en octobre dernier, une recapitalisation de la S.A.M.I.R, à hauteur 911 millions d’euros. Cette promesse non tenue, a provoqué la chute de moitié des actions de la raffinerie dans la bourse de Casablanca, depuis le début de l’année 2016.
Une privatisation ratée
Cette raffinerie a enregistré ses premières grandes pertes estimées à 380 millions d’euros en 1999, soit deux ans après son rachat par le groupe saoudien Corral Petroleum. Des responsables marocains avaient mis en garde contre les clauses du contrat du rachat de la raffinerie par Coral estimant que « ce contrat a été moins contraignant ». Le holding saoudien avait provoqué la première polémique en 2002, en ne réinvestissant pas dans le capital. La société de raffinage a du donc attendre jusqu’à 2011 pour terminer son investissement. Mais depuis, la S.A.M.I.R, multiplie les emprunts auprès des banques et de l’Etat marocain. Le 10 janvier 2013, la SAMIR obtient un emprunt international d’environ 200 M$. EN 2015, l’entreprise perd plus de 47% de sa valeur dans la bourse de Casablanca, accélérant la descente aux enfers du groupe. L’entreprise a toutefois continué à payer les salaires et l’assurance sociale de ses employés selon Reuters.
Cette fermeture rendrait le Maroc dépendant des importations
La presse marocaine s’est inquiétée avant la tenue de ce procès de l’avenir de la consommation énergétique interne. « La fermeture de la S.A.M.I.R rendrait le Maroc qui consomme environ 300 000 barils de produits pétroliers par jour, entièrement dépendant des importations. Elle aurait également un impact négatif considérable sur plusieurs banques marocaines exposées à la dette de Samir », estiment certains médias. Située dans la ville d’El Mouhamedia la S.A.M.I.R, créée en 1961, raffinait 150.000 baril/jour. Sa capacité de stockage était estimée à environ 2 millions de mètres cubes, selon le site internet de l’entreprise.