Entre la compagnie aérienne marocaine (RAM) et l’Office national du tourisme (ONMT), le courant ne passe plus. La raison? L’ONMT offre depuis quelques années des subventions à des compagnies étrangères, dont des compagnies françaises, qui rognent sur le marché local de la RAM.
C’est lors du dernier Conseil d’administration de l’Office national du tourisme, présidé lundi 13 juillet par le ministre du tourisme Lahcen haddad, que la RAM a »officialisé » sa colère et annoncé sa »désolidarisation » de la politique touristique vis à vis de l’ONMT. La destination Maroc, en pleine tourmente géopolitique qui a fait baisser les arrivées de touristes au Royaume depuis début 2015, semble faire l’objet d’un terrible »dumping » de la part de l’ONMT au détriment de RAM, estime le représentant de la compagnie aérienne marocaine au CA de l’Office, Abdelghani El Aissoug, directeur Réseau et Revenue management, selon le journal l’Economiste. En clair, le représentant de la RAM au CA de l’ONMT accuse l’Office de favoriser les compagnies concurrentes en leur octroyant des subventions sur certaines destinations marocaines, dont Essaouira. La RAM, qui a dénoncé »une perturbation de l’équité concurrentielle », a également mis en relief »le manque de procédures dans l’attribution de ces subventions ». La compagnie aérienne marocaine, qui a réussi un plan de sauvetage drastique entre 2012 et 2013 après un départ à la retraite anticipé de plus de 1500 travailleurs et une réduction de sa voilure avec le gel de plusieurs agences commerciales, a repris progressivement les chemins de la croissance.
Coup dur pour la RAM
L’octroi de subventions de l’ONMT à des compagnies concurrentes travaillant sur les mêmes destinations, a conduit la RAM à » se désolidariser des pratiques de l’ONMT quant au soutien du budget de cette institution à certaines lignes aériennes », indiquent des sources internes à la compagnie. La RAM a mal digéré en réalité que la filiale indépendante à bas prix du groupe »Air France-KLM » ait pu bénéficier de subventions de l’ONMT, pour qu’elle puisse desservir la destination d’Essaouira, une des plus importantes destinations marocaines pour les tours opérateurs français. Selon l’Economiste, »le représentant de RAM compte exiger un bilan historique chiffré, précis et détaillé précisant les montants attribués lors de la dernière décennie aux différentes compagnies et sous quelles procédures ou encore le bilan des passagers transportés ainsi que le devenir de chaque route une fois le soutien interrompu ». »Des fonds publics sont affectés à des routes déjà desservies par d’autres entreprises et dans des conditions non clarifiées » estime-t-on à la RAM. Le coup de gueule de la RAM, intervient à un moment de ralentissement de la demande du marché européen pour la destination Maroc.
Les arrivées en baisse à l’été 2015
Après une évolution positive des arrivées lors des 7 premiers mois de l’année 2014, la destination Maroc a connu (à partir de septembre) un fléchissement de 5% dû à des facteurs géopolitiques. La tendance s’est poursuivie au 1er trimestre 2015 avec une baisse de 1,53% et 4% entre avril 2015 et la même période en 2014. Par marché, la baisse la plus importante est celle de la Russie, avec moins 18%, selon le syndicat marocain des entreprises de tour operating (SETO) qui sont à l’origine de 19% du flux global réalisé par la destination Maroc. Les carnets de commandes pour l’été 2015 du SETO ont enregistré une chute de 33%, avant l’attentat du 26 juin de Sousse (Tunisie).