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Maroc – Le commerce de détail reflète une prospérité croissante et une évolution des comportements (document OGB)

Par Yacine Temlali
juin 8, 2015
Maroc – Le commerce de détail reflète une prospérité croissante et une évolution des comportements (document OGB)

Le secteur marocain du commerce de détail représente désormais 12,8% de l’économie, employant 1,2 million de personnes soit environ 13% de la population active. La hausse des recettes du secteur du tourisme devrait également stimuler la croissance du commerce de détail.

 

 

Au Maroc, les activités commerciales de détail s’effectuent pour plus des trois quarts d’entre elles par le biais de petits commerces ou de détaillants issus du secteur informel, mais on observe actuellement un début de changement qui se traduit par un accroissement de l’immobilier commercial et le développement sur le marché marocain de grandes enseignes étrangères.

Les visiteurs accueillis l’an dernier par les plus grands centres commerciaux du pays se comptent par millions et le Morocco Mall de Casablanca – qui, abritant plus de 300 magasins sur une surface de 250 000 m², est parmi les plus grands centres commerciaux d’Afrique – a accueilli 17 millions de clients. A Marrakech, Almazar a enregistré 5 millions de visiteurs et Carré Eden, qui a ouvert ses portes au printemps 2014, a conquis 3 millions de visiteurs.

A la fin de l’an dernier, 96% des locaux commerciaux disponibles à Almazar avaient trouvé preneur, tandis que Carré Eden avait loué 94,2% de son espace et Morocco Mall près de 100%. 95% de la surface commerciale disponible à Carré Eden est occupée par des franchises, illustrant bien l’importance croissante de l’identification des marques.

 

Fièvre acheteuse

 

Les taux d’occupation devraient quelque peu reculer étant donné le nombre de nouveaux complexes commerciaux actuellement en projet, tel que le Bouskoura Golf City, un centre commercial haut de gamme situé en périphérie de Casablanca et développé par Prestigia. S’étalant sur une superficie de 3600 m², le complexe, dont l’inauguration est prévue pour cette année, a déjà rempli 78% de sa surface commerciale.

La demande d’espaces commerciaux de détail, en centre commercial ou non, devrait cependant rester forte si l’on en croit le nombre d’enseignes européennes et moyen-orientales qui s’intéressent au pays. Le géant français Carrefour, par exemple, a annoncé en 2013 qu’il comptait investir 750 millions de dirhams (68,8 millions d’euros) dans le pays par le biais de sa franchise Label’Vie et qu’il allait étendre son réseau en acquérant 8500 m² de surface commerciale supplémentaire. Le groupe a ouvert huit nouveaux magasins en 2014 et, selon son communiqué annuel publié en mars, prévoit d’en ouvrir huit autres cette année, pour un budget de 650 millions de dirhams (59,6 millions d’euros).

De plus, 15 magasins Monoprix seront ouverts au Maroc par le groupe tunisien SNMVT, qui en détient la franchise, tandis que la chaîne de supermarchés Lulu, dont le siège est à Abu Dhabi et qui possède des magasins en Egypte, dans plusieurs Etats du Golfe et en Inde, cherche également à s’implanter au Maros dans le cadre d’un projet d’expansion de 200 millions de dollars dans le pays.

 

Nouvelles habitudes

 

Le secteur marocain du commerce de détail représente désormais 12,8% de l’économie, employant 1,2 million de personnes soit environ 13% de la population active. La hausse des recettes du secteur du tourisme devrait également stimuler la croissance du commerce de détail. Une classe moyenne qui se développe – elle représente 30% de la population- et une population de plus en plus urbanisée sont également synonymes d’augmentation du pouvoir d’achat. Selon des chiffres publiés par le gouvernement, le pouvoir d’achat du consommateur marocain moyen a enregistré une hausse régulière de près de 4% par an au cours des dix dernières années, profitant notamment d’un accroissement du crédit à la consommation – qui a augmenté d’environ 500 millions d’euros entre 2012 et 2013 – et d’une réduction de l’impôt sur le revenu, passé de 44% à 38% entre 2007 et 2011.

Riad Laissaoui, Directeur Général de Retail Holding, qui détient des marques et des franchises tels qu’Atacadão, Burger King ou encore Label’Vie en partenariat avec Carrefour, explique que le vaste choix de produits est en train de modifier les comportements des consommateurs, entrainant ces derniers à se tourner vers des circuits plus formels.

« Les habitudes des consommateurs en matière de produits alimentaires changent : les consommateurs marocains attachent désormais plus d’importance à la qualité et aux prix, » a déclaré R. Laissaoui à OBG.

 

Soutien de l’Etat

 

Afin de stimuler davantage la modernisation du commerce de détail, le gouvernement fait de la croissance du secteur dans les cinq prochaines années une priorité en  proposant des financements dans le cadre d’un programme national destiné au développement du secteur baptisé Rawaj Vision 2020. Le programme Rawaj Vision 2020 a été lancé en 2007, injectant au cours de ses quatre premières années d’existence près de 100 millions d’euros dans le soutien au secteur du commerce de détail à travers des initiatives de modernisation et la création de zones d’activités commerciales. Le programme se donne pour objectif de faire passer la contribution du secteur du commerce de détail au PIB à 15% et de créer 450 000 emplois supplémentaires. Dans son cadre, le secteur devrait connaitre une croissance annuelle de 8% jusqu’à 2020.

Assurément, les résultats enregistrés par les commerçants de détails marocains sont suffisamment solides pour tabler sur des perspectives optimistes pour le secteur. L’une des plus grandes chaines du Maroc, Marjane – une filiale de la Société Nationale d’Investissement, qui possède 32 magasins répartis sur ses trois marques : Marjane, Acime et Electroplanet – poursuit à présent son développement à l’étranger et prévoit d’ouvrir des filiales en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, au Mali et en Tunisie, suivant une tendance généralisée au sein des entreprises marocaines qui se tournent vers l’Afrique sub-saharienne, riche en opportunités.

Un certain nombre de défis devront toutefois être surmontés pour pouvoir atteindre les objectifs de Rawaj Vision 2020. La faiblesse des infrastructures augmente les coûts de distribution et d’expédition, tout en limitant l’accessibilité. Les habitants des zones rurales, où la pénétration du commerce de détail formel est moins avancée, possèdent en général moins de voitures et sont donc moins à même d’accéder aux centres commerciaux, selon R. Laissaoui.

 

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