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Maroc: Le droit de grève divise le Gouvernement, le patronat et les syndicats

Par Mohamed Boukhalfa
décembre 7, 2015
Maroc: Le droit de grève divise le Gouvernement, le patronat et les syndicats

 

 »Le gouvernement travaille sur une nouvelle loi organique sur la grève ». Mais, a nuancé le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, celle-ci  »dépendra des résultats du dialogue social. »

 

M. Benkirane avait indiqué lors de la session des questions de politique générale à la Chambre des Conseillers (Sénat) en fin de semaine que  »la loi organique sur la grève dépendra des résultats du dialogue social. »  »C’est un chantier compliqué, le gouvernement travaille toujours dessus », a-t-il précisé. Bloqué depuis avril 2012, le dialogue social divise autant le gouvernement avec les syndicats que la CGEM, le patronat marocain, qui voudrait un accord global et rapide.  Les revendications des syndicats portent sur une hausse générale des salaires et des pensions de retraite, la baisse de la pression fiscale sur les salaires et l’amélioration des revenus, l’augmentation à 6.000 dirhams (environ 600 euros) des revenus non imposables, le respect des libertés syndicales et du Code de travail, et en particulier la suppression de l’article 288 du Code pénal relatif à la grève. Le gouvernement des réformes globales, mais progressivement.

 

Le Patronat s’impatiente et fait ses calculs

 

Entre les deux partenaires, le Patronat s’impatiente, et calcule déjà ses pertes induites par les grèves et les arrêts de travail. Le chef du groupe parlementaire de la puissante CGEM, Abdelilah Hifidi, également président de la fédération des transporteurs affiliée à la CGEM,  rappelle que  »nous voulons introduire le projet de loi dans le package qui sera discuté, et le  gouvernement sera forcément amené avec les syndicats lors du prochain round du dialoguie social en janvier ou février à faire des concessions pour obtenir l’accord des syndicats et passer la réforme dès 2016 ». La marche du dimanche 29 novembre organisé par les quatre centrales syndicales (UMT, CDT, FDT, UGTM) avait dénoncé la réforme des retraites et le projet de loi sur la grève. Mais ce qu’elles ciblent notamment, c’est l’abrogation de l’article 288 du code pénal. Ce dernier punit quiconque incite, à travers la violence, les menaces ou les manoeuvres frauduleuses, à l’instauration ou le maintien d’une cessation concertée du travail. Or, la CGEM tient absolument à cet article. «Il protège la représentativité des syndicats. Nous ne pouvons pas permettre à quiconque d’organiser des grèves. Nous préférons négocier avec les syndicalistes», estime Hifdi.

Les grèves, menaces sur la croissance

 

Selon le ministère de l’Emploi, le nombre de jours de travail perdus aura atteint 193.000 pour les 9 premiers mois de 2015, en hausse de 21% par rapport à 2014.  »Avec la perte de jours de travail, nous perdons aussi des points de croissance. Ce qui impacte également la création d’emplois, puisque chaque point de croissance équivaut à 25.000 postes créé », explique Hifdi, cité par l’Economiste. L’effet des grèves sur la croissance et l’affaiblissement des entreprises est important. Selon le cabinet Euler Hermes, le Maroc a enregistré 8.500 défaillances d’entreprises durant les neuf premiers mois de 2015.  »Autrement dit, 10.000 entreprises vont disparaître d’ici la fin de l’année. Cela équivaut à une augmentation de 15% par rapport à 2014. C’est catastrophique pour notre pays », déplore Hifdi.

 

 

 

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