Le haut Commissariat marocain au Plan (HCP) a revu à la baisse les perspectives de croissance de l’économie marocaine en 2016, qui sera encore plus faible que les prévisions du CMC.
Coup de froid sur la croissance économique du Maroc pour 2016, et probablement en 2017, selon les dernières estimations du HCP. Le Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, a annoncé lors d’une conférence de presse que la croissance en 2016 devrait être de 1,3% seulement, contre des prévisions plus optimistes de 2,6% annoncées en juillet dernier. Pour 2017, et dans le sillage d’une mauvaise récolte agricole en 2015, la reprise ne devrait pas être au rendez-vous, ce sont là les grandes annonces pour 2016 et 2017 de M. Lahlimi. Le recul de l’activité agricole de 12,7%, impactée par la faiblesse des précipitations, aura un effet direct et violent sur la croissance en 2016, selon le HCP, qui estime que la valeur ajoutée agricole baisserait à 10,2%. La contreperformance de l’économie marocaine est également le résultat de la faiblesse des activités non agricoles, qui devraient augmenter de 2,2% seulement. Selon le département de M. Lahlimi, l’activité non agricole a enregistré un ralentissement entamé depuis 2012, passant, entre 2004 et 2012 de 4,7% par an à 2% entre 2013 et 2015. Le coupable ce sont les activités tertiaires, qui constituent 66% de la valeur ajoutée non agricole, mais qui ont fortement ralenti. « Les services financiers, immobiliers et les services rendus aux entreprises, qui renvoient aux branches modernes de l’économie, ont le plus contribué à cette décélération », souligne Lahlimi. Leur progression est passée de 5,9% en moyenne entre 2004 et 2012 à 1,8% en 2015.
L’avertissement du CMC
Les prévisions du gouvernement Benkirane tablent sur 3% de croissance en 2016, mais c’est bien le centre marocain de conjoncture (CMC), qui avait donné le »tempo » à cette guerre des chiffres sur le niveau de la croissance économique pour 2016. Le Centre marocain de conjoncture prévoit pour 2016 une croissance de 1,2%, impactée par un recul du PIB agricole, sous l’effet du retard des pluies. Habib El Malki, président du CMC estime dans la dernière analyse du Centre que le recul du PIB agricole, impacté par une mauvaise récolte, va influer négativement sur la croissance en 2016. »C’est un déterminisme qui fait que le PIB agricole conditionne la croissance au Maroc », estime t-il. Le CMC prévoit ainsi une chute »de 14,5% de la valeur ajoutée de l’ensemble du secteur primaire ». Un léger vent d’optimisme contrebalance les prévisions du CMC sur le segment de l’agriculture irriguée, qui est sécurisée par une réserve hydrique jugée assez confortable. L’agriculture irriguée, qui n’occupe que 15% des terres, participe à hauteur de 45% à la valeur ajoutée agricole. Si la banque centrale du Maroc situe le niveau de croissance en 2016 à 2,1%, le FMI table sur 3% et la Banque mondiale sur 4,8%. Le gouvernement prévoit dans sa loi de finances 2016 un taux de croissance de 3% et une réduction du déficit budgétaire à 4,3% du PIB en 2015.