Il est, depuis le 24 juin dernier, en grève de la faim devant le Conseil des droits de l’homme à Genève pour protester contre le refus des autorités marocaines de renouveler son passeport et sa carte d’identité. Condamné à une peine de prison en 2003 et interdit d’exercer le métier de journaliste pour « outrage au roi », il s’était exilé en Europe après sa libération en 2004.
Dans une longue lettre, le journaliste franco-marocain Ali Lmrabet a demandé au Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane d’intervenir pour qu’il puisse renouveler son passeport biométrique et sa carte d’identité électronique que les autorités marocaines, affirme-t-il, refusent de lui renouveler en ne lui délivrant pas de certificat de résidence. « Je serais, si vous n’intervenez pas, un ‘sans-papiers’ dans mon propre pays’’, écrit-il.
Ali Lmrabet, pour rappel, éditait au Maroc les hebdomadaires Demain Magazine et Doumane (arabophone) avant que ces publications ne soient interdites en 2003 au terme d’un procès pour « outrage au roi » et que lui ne soit condamné à 3 ans de prison ferme puis relâché début 2004 à la faveur d’une grâce royale. En 2005, il a été condamné à 10 ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste au Maroc, une période qui a pris fin le 12 avril dernier. Entre-temps, comme beaucoup de journalistes marocains d’opposition, il avait été obligé de s’exiler et de fermer son journal momentanément.
La grève de la faim comme ultime recours
Ali Lmrabet est, depuis le 24 juin dernier, en grève de la faim devant le siège du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève pour protester contre l’attitude des autorités marocaines. Dans un communiqué publié sur le site de demainonline.com, il explique qu’il s’est résolu à mener cette action de protestation radicale « après plus de deux mois de vaines tentatives pour renouveler dans ma ville natale, Tétouan, mes papiers d’identité ». Le choix du siège du conseil des droits de l’homme de l’ONU est justifié par le fait que cette institution « est censée être le dernier rempart pour défendre le citoyen contre les dérives arbitraires de son gouvernement ».
Sans papiers au Maroc, SDF en Suisse
Le journaliste marocain a planté sa tente place des Nations à Genève et passe ses nuits « caché sous les arbres » ou à la Maison des associations de la ville. Rémy Pagani, un des cinq membres du Conseil administratif de Genève (mairie) pour la période 2015-2020, a adressé une lettre au roi Mohammed VI lui demandant que Ali « puisse obtenir dans les plus brefs délais le renouvellement de ses documents d’identité et puisse reprendre ses activités professionnelles dans ce pays, le Royaume du Maroc ». Reporters sans frontières a également manifesté sa solidarité avec lui.