Le patronat marocain exige du gouvernement plus de visibilité sur son programme de relance économique. A la commission finances de la Chambre des conseillers (Sénat), le représentant de la puissante Confédération générale des entrepreneurs marocains (CGEM) estime que les stratégies sectorielles n’ont pas encore abouti à la croissance escomptée.
Mehdi Abdelkrim, qui es intervenu au niveau de la Commission finances du Sénat marocain dans le cadre du débat sur le projet de loi de finances 2016, estime que »certaines stratégies sectorielles du gouvernement ont enregistré des ralentissements puisqu’elles étaient lancées sans s’entourer des conditions de réussite ». Pour la GEM, »ces stratégies se caractérisent par des défaillances structurelles liées à l’absence de cohérence et d’un manque de convergence, limitant ainsi leur efficience ». Aux »résultats limités et sans atteindre les objectifs escomptés », il a relevé que les stratégies sectorielles du gouvernement Benkirane n’ont pas permis » de réaliser un taux de croissance nous permettant ’atteindre le virage attendu afin d’aplanir les problèmes économiques et de l’emploi ». Le représentant de la CGEM cite notamment le secteur du tourisme ainsi que celui des services, à forte valeur ajoutée et pouvant encore booster la croissance économique du pays, en particulier en adoptant les recommandations de la vision 2020. La CGEM rappelle dés lors au gouvernement, dont le mandat expire en septembre 2016, qu’il »est temps de donner un signal fort aux opérateurs économiques pour renforcer la confiance nécessaire afin de favoriser la création d’emplois durables ».
Le PLF2016 déjà adopté à large majorité au parlement
La Chambre des représentants avait approuvé mi-novembre à la majorité la première partie du PLF 2016. Le projet de loi a été adopté par 170 députés et 52 contre, alors que 31 députés se sont abstenus. Le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, a relevé que le PLF2016 a obtenu «une majorité confortable» et confirme «l’interaction positive» entre le gouvernement et la Chambre des représentants concernant les quelque 51 amendements introduits par les parlementaires, notamment de l’opposition. Le PLF2016 doit ensuite passer à la chambre des Conseillers. Il table sur une croissance modeste de 3%, la poursuite de la réduction du déficit budgétaire à 3,5% et une inflation maîtrisée à 1,7%. Il a été calculé sur la base d’un prix de baril de pétrole à 61 dollars.
Un budget serré pour 2016
Les dépenses seront de 388 milliards de dirhams (MMDH), alors que les recettes prévues par le gouvernement Benkirane sont de 364 MMDH, soit un déficit de 24 MMDH, selon un communiqué du conseil de gouvernement. La confection de cette loi de finances 2016 intervient, selon un porte parole du gouvernement, »après une année marquée par un taux de croissance de 5%, une récolte agricole record (115 millions de qx), une baisse du déficit de la balance des paiements à 2,8 % contre 9% en 2012, et la hausse de 5,2% des transferts des Marocains résidant à l’Etranger (MRE) et des IDE de 22,8 % à 24,2 MMDH. Le gouvernement Benkirane compte créer 26.000 postes de travail dans la fonction publique, en plus de ceux qui devraient être créés par un enveloppe de 189 MMDH dégagée pour l’investissement public.