Après plusieurs années de détente, le secteur immobilier au Maroc semble faire du surplace, où les mises en chantier de logements sont presque à l’arrêt au 1er semestre 2015.
Des promoteurs immobiliers marocains estiment que le secteur est frappé d’inertie depuis 2012. Sur l’ensemble du premier semestre 2015, seulement 83.116 logements ont été lancés, soit 15% de moins par rapport à la même période en 2014, selon des chiffres du ministère de l’habitat, repris par La Vie éco. Le lancement de chantiers a reculé de 8% en 2014 et respectivement de 15% et 24% en 2012 et 2013. Cité par La Vie Eco, Youssef Ibn Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), estime que le secteur est encore loin d’une configuration de redémarrage. « Les professionnels reportent leurs décisions d’investissement par manque de confiance en l’avenir et cela devrait se prolonger », ajoute-t-il. Situation aggravante, les banques jouent la prudence en rationnant le crédit à la promotion immobilière, qui a chuté de 3,8% sur les quatre premiers mois de l’année. Dans le même temps, l’indice des prix des actifs immobiliers de Bank Al-Maghrib est pointé sur une baisse des ventes de 10,7% entre le dernier trimestre de 2014 et les trois premiers mois de 2015. Quant aux crédits aux particuliers, ils affichent également une progression tout juste modeste de 1,9% sur les quatre premiers mois de 2015. Bref, le scénario d’une autre année « blanche » pour les promoteurs immobiliers semble très possible.
Des retards dans le programme du gouvernement
En 2012, le gouvernement Benkirane avait mis en place un ambitieux programme de logements pour toutes les couches sociales : 20.000 logements pour la classe moyenne, 80.000 logements sociaux et 9.000 logements pour les bas salaires, ou à faible valeur immobilière, sur la période 2012-2016. A moins de deux années de l’échéance de ce programme, les réalisations ne sont pas à la hauteur des prévisions. Sur les trois dernières années, seulement 138.000 logements sociaux (logements à 250.000 DH hors TVA) ont été réalisés et livrés sur des prévisions de 240.000 logements, soit un déficit de 101.000 unités. Le déficit est encore plus prononcé pour les logements en direction de la classe moyenne, avec des salaires oscillant entre 8.000 et 16.000 DH. Pour ce type de demandeurs, le gouvernement a mis en place un programme global de 20.000 logements à réaliser chaque année.
Eviter la crise immobilière
En 2014, il n’y a eu que 13.512 logements de haut standing réalisés contre 14.200 et 12.000 logements livrés respectivement en 2013 et 2012. Le déficit de logements à réaliser pour la classe moyenne est de 203.000 logements. Quant au programme de logements « à faible valeur immobilière » (140.000 DH/unité), il accuse un énorme retard. Sur les 9.000 logements prévus annuellement, les entreprises chargées de ce programme n’ont produit que 4.700 logements en 2012, 4.350 en 2013, et 2.805 en 2014. Pour le ministre de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville, Nabil Benabdallah, il s’agit d’éviter une crise immobilière qui serait provoquée par le stock de logements réalisés et invendus. Et la relance des chantiers à l’arrêt.