Les récents chiffres rendus publics par le HCP ne manqueront pas d’être interprétés par l’opposition comme un sérieux désaveu de la politique économique et sociale du gouvernement Benkirane.
Dans une récente note sur les chiffres de l’emploi au Maroc, le Haut commissariat au Plan (HCP) confirme le »trou d’air » traversé par l’économie marocaine : le taux de chômage est passé, entre le 3ème trimestre 2013 et le 3ème trimestre 2014, de 9,1% à 9,6%, en hausse de 0,5 point.
Dans une note rendue publique début janvier dernier, le HCP avait estimé que la croissance en 2014 ne serait pas aussi forte pour relancer la création d’emplois ; elle devrait se situer, avait-il prédit, à environ 2,4%. Pis, il avait prévu un nouveau départ à la hausse du chômage »pour atteindre les 9,8% de la population active contre 9,1% en 2013 ». L’inflexion du PIB agricole impactera négativement la croissance économique pour 2014, avait-il indiqué précisant que »même dans le cas où l’économie marocaine créerait environ 60.000 emplois en 2014, le taux de chômage passera à 9,8% contre 9,1% l’année dernière ».
Perte nette d’emplois
Au 3ème trimestre 2014, l’économie marocaine n’a réussi à créer que 58.000 emplois, estime le HCP dans sa dernière note d’information en date, diffusée sur son portail officiel : »Le Maroc a créé 133.000 postes d’emploi dans les secteurs secondaire et tertiaire et en a perdu 75.000 dans l’agriculture, les forêts et la pêche, ce qui se solde par une création nette d’emplois à 58.000 postes, 36.000 en milieu urbain, 22.000 en milieu rural. »
Le nombre de chômeurs s’est ainsi accru de 64.000 personnes ( 40.000 en milieu urbain et 24.000 en milieu rural), portant le volume global du chômage à 1.140.000 personnes, selon le HCP. Quant au sous-emploi, il est passé de 9,4% à 10,6% au niveau national.
Avec une population active en âge de travailler estimée à 11,850 millions de personnes, le taux d’activité est en baisse entre le 3ème trimestre 2013 et la même période de l’année 2014, de 48,5% à 48,2%, en recul de 0,3 point.
Un sérieux revers pour Abdelilah Benkirane
Les récents chiffres du chômage mettent la pression davantage sur le gouvernement de Abdelilah Benkirane, qui n’a rassuré ni les milieux d’affaires et économiques sur le bien-fondé de sa politique économique, ni les syndicats sur sa stratégie sociale et de protection du pouvoir d’achat des travailleurs.
En novembre 2011, à sa nomination à la tête de l’exécutif gouvernemental, Abdelilah Benkirane avait présenté un programme économique centré sur une croissance de 5,5% avec, comme objectif, de réduire le chômage à 8%. A mi-mandat, la situation est morose: le chômage est toujours à plus de 9%, avec une hausse de 0,1 à 0,3 point entre 2012 et 2013, selon le HCP, alors que le sous-emploi est passé de 10,5% en 2011 à un peu plus de 10% en 2014. En face, la croissance économique n’atteint pas les 4%, alors que le déficit budgétaire a atteint 7% en 2012 et 5,5% en 2013.