Le tourisme est l’un des deux secteurs les plus durement touchés par la crise au Maroc.
L’industrie du tourisme marocaine passe très mal l’épreuve du Covid-19. Selon un rapport interne de la Confédération nationale du tourisme du Maroc (CNT), le secteur aurait besoin d’un effort financier estimé à 158 millions d’euros (1,7 milliards de dirhams) pour pouvoir se relancer en 2022.
Touché de plein fouet par la crise du Coronavirus, cette industrie synonyme de revenus en devise, afficherait une perte 12,8 milliards d’euros (138,5 milliards de dirhams) et ne pourrait entamer une reprise qu’en 2024 sans ce plan d’aides, censé limiter la casse à seulement 4,3 millions d’euros (46 milliards de dirhams).
La CNT estime que la batterie de mesures décidée mi-mars par le gouvernement via son Comité de veille économique (CVE), pour limiter l’impact de la crise dans l’économie (suspension du paiement des charges sociales et un moratoire pour le remboursement des crédits bancaires) ne suffira pas à stabiliser le secteur, car le manque à gagner est significatif, alors que la plupart des professionnels et salariés sont au chômage technique.
L’objectif de la confédération est de réduire les faillites au minimum et éviter la rupture de la chaîne de valeur (hôtellerie, restauration, agences de voyages, réseaux de distribution, etc.) tout en maintenant les emplois, sous peine d’un impact imminent sur la compétitivité de l’offre marocaine.
Le rapport suggère, entre autres, « de porter le report, déjà acquis de trois mois, de toutes les échéances de crédit des entreprises touristiques à douze mois minimum. Il réclame également aux banques une facilité de caisse avec un taux préférentiel de 2% maximum. Les compagnies d’assurances sont de même sollicitées pour réajuster le plafond des polices et reporter les échéances des salariés en perte de revenus. »
Par ailleurs, le document fait part de la nécessité de « des mesures d’encouragement comme le report des échéances de facture d’eau et d’électricité à 2021 avec un étalement des paiements sur douze mois, la suspension, pendant douze mois, des ATD (Avis à tiers détenteur – mécanisme de recouvrement des créances publiques) pour reconstituer les capacités financières des entreprises concernées. »
Parallèlement à cela, la CNT réclame, entre autres, « un plan de relance du tourisme. Au niveau local, avec un budget public de promotion pour stimuler la demande locale, une révision du calendrier scolaire pour étaler la saison, le redémarrage des lignes intérieures de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) et la création de crédits vacances et de chèques vacances défiscalisés. Au niveau international, un budget additionnel de promotion sera également nécessaire, de même qu’une enveloppe de co-marketing pour inciter les compagnies aériennes à proposer de nouveau la destination Maroc ».
Sans la mise en place d’un tel plan, les pertes envisagées par la CNT durant les prochaines années sont estimées à 57,8 milliards de dirhams en 2020 (-74% par rapport à 2019), 51,1 milliards en 2021 et 29,7 milliards en 2022.
En 2019, le tourisme au Maroc pesait l’équivalent de 17% du PIB et plus de 2 millions d’emplois directs et indirects, selon la secrétaire d’État chargée du Tourisme, Lamia Boutaleb. Avec le textile, il est l’un des deux secteurs les plus durement touchés par la crise.